Au programme de ce mois de mars, le Portugal et les festivals sont tout particulièrement à l’honneur avec une foule de propositions qui raviront autant les amateurs de 7ème art, de jazz que de musiques actuelles ou de fado. Mais rassurez-vous, les inconditionnels de cinéma d’auteur, d’expos, de flamenco ou de tango n’ont pas été oubliés, loin de là !


En salle…

Toujours à l’affiche début mars, deux films magnifiques à voir tant qu’il est encore temps !

En premier lieu, They shot the piano player de Fernando Trueba et Javier Mariscal un film d’animation qui retrace le parcours d’un musicien peu connu du grand public, Tenório Júnior, pianiste et pionnier du samba jazz, disparu dans d’étranges circonstances à Buenos Aires… 

En second lieu, 20 000 espèces d’abeilles d’Estíbaliz Urresola Solaguren, un film plébiscité aux Goyas qui aborde avec sensibilité la question de l’identité de genre à travers le regard d’un enfant. Un long métrage qui a révélé une toute jeune actrice basque âgée de neuf ans seulement, Sofía Otero.

C’est ensuite le 13 mars que vous retrouverez Mis Hermanos de Claudia Huaiquimilla. Après Mala Junta, poignant récit de deux jeunes garçons à la dérive, la réalisatrice chilienne creuse à nouveau la thématique de l’adolescence et invite le spectateur à pénétrer au sein d’une prison pour mineurs. En effet, au Chili, ce sont des milliers des jeunes qui attendent enfermés un procès qui tarde à venir, sapant ainsi toutes leurs chances de réinsertion.    

Le 27 mars, cap sur l’Argentine avec Los Delincuentes, une passionnante aventure cinématographique signée Rodrigo Moreno. Morán, la quarantaine, est un homme qui ne pense qu’à échapper à la routine quotidienne de son poste au sein d’une agence bancaire du quartier d’affaires de la ville de Buenos Aires. Il mettra en œuvre un plan de génie pour prendre sa retraite à 45 ans !

C’est également le 27 mars que sortira O Corno, Grand prix du dernier festival de Saint-Sébastien, une fable émouvante sur l’univers féminin dans la Galice rurale des années 1970. La réalisatrice basque Jaione Camborda évoque dans ce long métrage la maternité, la solidarité entre femmes ainsi que l’avortement à une époque où les femmes étaient coincées entre le poids de la tradition et le régime franquiste.

Enfin, le festival Regards Satellites se poursuit jusqu’au 11 mars au cinéma l’Écran à Saint-Denis, à l’espace 1789 à Saint-Ouen, au Forum des images et au Grand Action à Paris, à la Salamandre à Morlaix ainsi qu’au Cinématographe à Nantes. Fort de près d’une centaine de projections, master classes, avant-premières inédites et d’une cinquantaine d’artistes et cinéastes invité.e.s, le festival Regards Satellites est une bénédiction pour tous les cinéphiles…

La musique

Le festival Banlieues Bleues, rendez-vous incontournable des amateurs de jazz et de musiques actuelles, arrive à grand pas. Du 8 mars au 5 avril, vous pourrez notamment assister à une grande soirée d’ouverture 100% gratuite à l’université ainsi qu’à une foule de concerts parmi lesquels ceux du merveilleux duo flamenco Pedro Soler & Gaspar Claus, le jazz afro-brésilien du spectaculaire pianiste Amaro Freitas ainsi que deux formations colombiennes inédites en France, Matachinde et Estrellas del Caribe ! En attendant de vous en dire plus, retrouvez la programmation complète sur le site du festival ainsi que notre interview d’Estrellas del Caribe.

Amateurs de fado, à vos agendas ! Pour célébrer le 50ème anniversaire de la révolution des Œillets, Le théâtre de la Ville nous propose un cycle lusitain de toute beauté. Après la superbe prestation de Katia Guerreiro au Théâtre des Abbesses mi-février, c’est le plus brésilien des chanteurs lusitains, António Zambujo épaulé par le guitariste auriverde Yamandu Costa qui illuminera les 8 et 9 avril la scène du Théâtre de la Ville. Vous avez ensuite rendez-vous sur cette même scène le 25 avril pour une grande soirée de célébration des 50 ans de la révolution des Œillets.

Les amateurs de fado sont décidément gâtés avec la venue prochaine à La Seine Musicale d’une des plus grandes ambassadrices du blues lusitanien, Cristina Branco, qui présentera pour l’occasion son magnifique nouvel album, Mãe, un véritable petit bijou d’épure musicale.

Melingo nous a gratifié la semaine dernière d’un magnifique concert à la Marbrerie de Montreuil. Pour prolonger le plaisir, notez que S’il Vous Plait, sa formidable anthologie retraçant ses 25 années de carrière au service du tango est disponible à la vente ici depuis quelques jours seulement. Alerte collector, le pressage de ce magnifique objet est limité à 300 exemplaires seulement !

Attention, notez bien dans vos agendas la première à Paris d’un nouvel événement assez unique en son genre. En effet, tous les trimestres, l’équipe d’Eclectic.s et La Bellevilloise vous proposent une série d’ateliers, de concerts et de DJ sets orientés électro·flamenco. Pour la première qui aura lieu les 22 et 23 mars prochain, un plateau de folie avec Fernando Vacas (le producteur de Rosalía, Howe Gelb, Estrella Morente, Rafael Riqueni, Russian Red, Rocío Márquez, Jorge Pardo…) et Perrate & Arbol, un duo à l’avant-garde du flamenco accompagné sur scène de la danseuse Lori La Armenia. Un nouvel événement dont on vous reparle très vite en détail, mais dont vous pouvez d’ores et déjà retrouver tous les détails ici.

Enfin, projetons nous au printemps prochain avec la venue le 8 mai au Casino de Paris d’une formation qui ravira toute la communauté bolivienne et au-delà, tous les amoureux de musique andine. Oui, les cultissimes Los Kjarkas fêtent cette année les 50 années d’existence du groupe et la fête promet d’être belle !

Les spectacles

Il reste peut-être quelques places, mais rien n’est moins sûr, tant le second volet de la trilogie de la danseuse et chorégraphe Argentine Marina Otero, Love Me, connaît un vif succès. Après le sulfureux Fuck Me, Marina Otero poursuit avec Love Me son passionnant exercice d’autofiction et s’affirme comme la danseuse la plus punk de sa génération !

Après la danse, place au théâtre sous haute tension ! En effet, du 4 au 21 avril, vous pourrez voir sur la scène du Théâtre de l’Épée de Bois à La Cartoucherie Le Cimetière des Voitures, l’une des pièces les plus emblématiques de Fernando Arrabal. Dans un monde postapocalyptique où la musique est interdite et où les femmes ont quasiment disparu, une poignée de survivants se réfugie dans un cimetière de voitures… Tel est le point d’ancrage de cette pièce unique en son genre qui sera interprétée par la compagnie Oléa dans une version 2.0 remaniée sous l’égide du maestro…

Les expos…

Jusqu’au 26 mai 2024, le musée du quai Branly – Jacques Chirac vous invite à découvrir une exposition aussi rare que passionnante, Visions chamaniques, arts de l’ayahuasca en Amazonie péruvienne. L’ayahuasca, un breuvage concocté à partir de plantes issues de la forêt amazonienne, est traditionnellement consommé par nombre de populations autochtones à des fins spirituelles, thérapeutiques ou cérémonielles. Ses propriétés visionnaires ont donné corps à tout un corpus d’œuvres, aussi bien amazoniennes qu’occidentales, que le musée du quai Branly – Jacques Chirac vous invite à explorer…

Le musée de l’Homme vous propose quant à lui une exposition consacrée aux relevés d’art préhistorique produits par des chercheurs, scientifiques et historiens au cours d’expéditions menées aux quatre coins du monde. L’occasion de découvrir toute l’étendue de cet art rupestre qui a influencé bon nombre d’artistes contemporains, à commencer par Pablo Picasso.

L’artiste congolais Chéri Samba investit quant à lui le musée Maillol avec une rétrospective monographique couvrant quarante ans de création. Vous y découvrirez une cinquantaine d’œuvres appartenant à la collection Jean Pigozzi, l’une des plus importantes collections d’art contemporain africain au monde. Une très belle rétrospective pour cet artiste aussi singulier que provocateur.

Enfin, ne manquez pas non plus l’exposition Précieux Déchets à la Cité des sciences et de l’industrie, dans laquelle des artistes de toutes nationalités nous invitent à réfléchir sur l’écologie et à adopter des modes de consommation plus respectueux de notre environnement.

Les livres…

Et parce c’est qu’un bon livre entre les mains sera toujours le gage d’un grand bonheur, plongez dans notre rubrique littéraire. Ce mois-ci, coup de cœur pour le roman graphique Mukanda Tiodora de Marcelo D’Salete aux Editions çà et là, un ouvrage bouleversant sur la vie d’une esclave brésilienne qui s’inspire des lettres qu’elle a elle-même écrites en 1866.

L’équipe de Que Tal Paris ?