Du 14 novembre 2023 au 26 mai 2024, le musée du Quai branly – Jacques Chirac vous invite à découvrir une exposition aussi rare que passionnante, Visions chamaniques, arts de l’ayahuasca en Amazonie péruvienne. L’ayahuasca, un breuvage concocté à partir de plantes issues de la forêt amazonienne, est traditionnellement consommé par nombre de populations autochtones à des fins spirituelles, thérapeutiques ou cérémonielles. Ses propriétés visionnaires ont donné corps à tout un corpus d’œuvres, aussi bien amazoniennes qu’occidentales, que le musée du Quai branly – Jacques Chirac vous invite à explorer…


L’ayahuasca, d’hier à aujourd’hui

Utilisé par plus de 150 groupes autochtones en Amazonie dans le cadre de pratiques chamaniques, l’ayahuasca, la « liane des morts » en quechua, exerce une certaine fascination sur les populations occidentales depuis la seconde moitié du XXème siècle, dans le sillage des expériences de consommation rapportées Allen Ginsberg et William Burroughs.

Si ses propriétés hallucinogènes ont depuis contribué à l’essor d’un véritable « tourisme chamanique » en Amazonie, la science s’est aussi penchée sur ses vertus thérapeutiques.

Pour autant, sa popularité croissante a mené à sa prohibition en France en 2005 et à sa stricte consommation dans le cadre de cérémonies religieuses aux États-Unis en 2006, alors même que le Pérou élevait son utilisation traditionnelle au rang de Patrimoine culturel de la nation en 2008.

Des visions très contrastées qui montrent que l’ayahuasca ne peut être considéré comme un stupéfiant comme les autres, tant il s’inscrit profondément dans le patrimoine culturel de sociétés autochtones et participe à l’émergence d’un art visionnaire d’Amazonie en tout point saisissant.

L’art visionnaire autochtone d’Amazonie péruvienne

L’exposition s’ouvre sur les représentations artistiques inspirées par les visions induites par la consommation d’ayahuasca chez les Shipibo-Konibo, un peuple autochtone d’Amazonie péruvienne d’environ 35000 personnes.


Chonon Bensho [n.e en 1992], Moatian jonibo, 2022. Broderie sur tissu, 165 x 132 cm. New York, The Shipibo-Conibo Center et Buenos Aires, W-Galeria. Courtesy de l’artiste / ˝ The Shipibo-Conibo Center / ˝ W-Galeria

Leur art se caractérise par l’utilisation de formes géométriques nommées kené, directement inspirées par la consommation d’ayahuasca, que l’on retrouve sur toute une série d’objets du quotidien comme des jarres en céramique ou des textiles.

Cette première partie de l’exposition permet de mieux comprendre comment cet art shipibo-konibo, en constante réinvention, répond à des problématiques très contemporaines, comme l’affirmation culturelle et l’intégration, des enjeux forts pour ces populations soumises à d’importantes contraintes socio-économiques et environnementales.

Cette première partie de l’exposition permet de mieux comprendre comment cet art shipibo-konibo, en constante réinvention, répond à des problématiques très contemporaines, comme l’affirmation culturelle et l’intégration, des enjeux forts pour ces populations soumises à d’importantes contraintes socio-économiques et environnementales.


Jarre, Pérou, Shipibo-Konibo, Terre cuite peinte, Collection privée – Photo Pauline Guyon, musée du Quai branly – Jacques Chirac

Cette première partie de l’exposition permet de mieux comprendre comment cet art shipibo-konibo, en constante réinvention, répond à des problématiques très contemporaines, comme l’affirmation culturelle et l’intégration, des enjeux forts pour ces populations soumises à d’importantes contraintes socio-économiques et environnementales.

L’ émergence d’une peinture visionnaire d’Amazonie péruvienne

Dès les années 80, une nouvelle génération d’artistes a envisagé de nouveaux champs d’expression artistique, privilégiant alors le mode pictural. Cette peinture visionnaire d’Amazonie a rapidement accédé à la notoriété et s’est faite une place sur le marché de l’art.

Privilégiant le registre figuratif, cette peinture visionnaire puise son inspiration dans la mythologie, la cosmologie et les modes de vie des groupes autochtones. À la croisée des techniques traditionnelles (peinture sur écorce, pigments naturels issus de la forêt amazonienne…) et occidentales (présentation sous forme de tableau), ces œuvres traduisent les visions induites par l’ayahuasca.

Vous pourrez ainsi, parmi d’autres artistes, admirer les toiles du pionnier de la peinture visionnaire, Pablo Amaringo, un « artiste-chamane » qui a commencé dès l’orée des années 80 à projeter sur ses toiles les visions occasionnées par sa consommation d’ayahuasca.  

Pablo Amaringo (1938-2009), Vision des serpents, 1987, gouache sur toile, 30,5 x 40,6 cm © Collection particulière, Helsinki

Vous y croiserez également une très belle série de sculptures réalisées par l’école ONANYATI, une association rassemblant une vingtaine d’artistes visionnaires péruviens qui a été fondée au début des années 2000 par le français Jean-Michel Gassend.

José Tamani et Jheferson Saldaña, El espiritu de la ayahuasca, 2002, Acrylique sur bois, ONANYATI Art & Cultures d’Amazonie, collection Jean-Michel Gassend

La globalisation de l’ayahuasca et l’art psychédélique

Enfin, cette dernière section de l’exposition vous permettra de saisir toute l’influence que la consommation traditionnelle d’ayahuasca a pu avoir sur la contre-culture occidentale, infusant des domaines aussi variés que la littérature, les arts graphiques, la musique, mais aussi le développement personnel, les thérapies alternatives, l’émancipation politique et les nouvelles formes de religiosité.

Vous y croiserez ainsi de magnifiques toiles, comme cet Ayahuasca Dream de Robert Venosa (1994), une des grandes figures de la peinture visionnaire occidentale, décédé en 2001. Peinte suite à une puissante expérience visionnaire au cours de laquelle une toile vierge lui est apparue avant d’être peu à peu recouverte par des projections picturales, Ayahuasca Dream convoque tout un ensemble de créatures fantastiques, esprits, extraterrestres, nains, magiciens, elfes…

Robert VENOSA [1936 – 2011], Ayahuasca Dream [Rêve d’ayahuasca], 1994, Huile sur toile, 221 x 130 cm, Collection Martina Hoffmann
Jan Kounen, dessin préparatoire à la conception d'Ayahuasca a Kosmik Journey © Collection particulière, Île-de-France
Jan Kounen, dessin préparatoire à la conception d’Ayahuasca a Kosmik Journey © Collection particulière, Île-de-France

Enfin, pour clore votre visite, le réalisateur Jan Kounen vous invite à une expérience en réalité virtuelle pour plonger au cœur des visions chamaniques induites par l’ayahuasca. C’est en 1999 que ce cinéaste français d’origine néerlandaise s’est rendu pour la première fois en Amazonie péruvienne pour y préparer l’adaptation cinématographique de la bande dessinée Blueberry. Sa découverte de l’ayahuasca auprès des Shipibo-Konibo l’a profondément marqué. Ici, le dessin s’affirme comme le medium privilégié pour retranscrire l’expérience visionnaire et les pratiques rituelles des populations autochtones.

Une exposition aussi rare que passionnante au Musée du Quai branly – Jacques Chirac !


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche de l'exposition Visions chamaniques au musée du quai Branly - Jacques Chirac
Affiche expo Visions chamaniques au musée du Quai branly – Jacques Chirac
  • TITRE : Visions chamaniques, arts de l’ayahuasca en Amazonie péruvienne
  • LIEU : 37 Quai branly 75007 Paris
  • HORAIRES : du mardi au dimanche de 10h à 18h
  • DATES : Jusqu’au 26 mai 2024
  • TARIF : 9-12 €
  • RENSEIGNEMENTS : www.quaibranly.fr
  • TÉLÉPHONE : 01 56 61 70 00