Dans un monde postapocalyptique où la musique est interdite et où les femmes ont quasiment disparu, une poignée de survivants se réfugie dans un cimetière de voitures… Tel est le point d’ancrage du Cimetière des Voitures, l’une des œuvres les plus emblématiques du prolifique auteur espagnol Fernando Arrabal. Sur les planches du Théâtre de l’Épée de Bois, elle sera interprétée par la compagnie Oléa dans une version profondément remaniée sous l’égide bienveillante du maestro…


Fernando Arrabal, une œuvre gargantuesque

Monstre de culture et témoin vital des grands bouleversements artistiques et historiques du 20ème siècle, Fernando Arrabal est le dépositaire d’une centaine de pièces de théâtre, de sept longs-métrages, d’une quinzaine de romans et d’innombrables recueils de poésie…

Un homme profondément marqué par le régime Franquiste, de la disparition de son père en 1942 suite à son évasion de la prison dans laquelle il croupissait depuis déjà six ans à sa propre incarcération pour son engagement politique suite à un bref passage en Espagne en 1967.

Fernando Arrabal © Fond Arrabal

La mobilisation d’auteurs de renom tels que Samuel Beckett, Arthur Miller ou Eugène Ionesco permettra sa libération anticipée. En 1972, sa Lettre au général Franco, dans laquelle il s’adresse au dictateur comme à une victime de cette Espagne inquisitoriale qui gangrène la véritable Espagne depuis des siècles, connaît un vif succès.

Acteur et témoin privilégié de la grande Histoire, Fernando Arrabal fut aussi au cœur des grands mouvements artistiques et littéraires du siècle dernier.

Au fil de ses pérégrinations, il se croisera ainsi les destinées d’André Breton, Salvador Dalí, Luís Buñuel, Tennesse Williams, Truman Capote, Andy Warhol, Roland Topor et Alejandro Jodorowsky, pour n’en citer que quelques-uns…

Des rencontres qui témoignent d’une ouverture d’esprit et d’une soif de culture gargantuesque, à l’image de son œuvre hybride qui embrasse dans un même élan dramaturgie, poésie, littérature et même arts plastiques…

Parmi ses réalisations les plus emblématiques, sa fameuse Lettre au général Franco (1972), son long métrage Viva la muerte (1972), son roman La tour, prends garde (1983) et bien entendu, sa pièce iconique Le Cimetière des Voitures (1958), interdite en Espagne pendant plus de vingt ans. Toute allusion à un quelconque régime totalitaire ne saurait être fortuite…

Le Cimetière des Voitures, une expérience théâtrale totale

Au beau milieu des carcasses rouillées, sous fond de régime totalitaire, une micro-société s’organise selon ses propres règles, son propre ordre social, ses membres cherchant avant tout à satisfaire leurs besoins les plus primaires. Depuis longtemps, toute forme d’art a été bannie et les sentiments humains ne semblent plus être qu’un souvenir lointain…

Pièce le cimetière des voitures de Fernando Arrabal
Le Cimetière des Voitures © Barbara Buchmann

C’est là qu’un groupe de fugitifs traqués par une étrange milice trouve refuge. Que leur reproche-t-on ? Leur leader, Emanou, est un musicien. Pire encore, il organise des concerts clandestins… Figure christique, prophète subversif, faiseur de miracles, Emanou sera finalement trahi par l’un des siens et mis à mort pour avoir dispensé un peu de lumière dans ce monde d’aliénation.

Pièce le cimetière des voitures de Fernando Arrabal
Le Cimetière des Voitures © Christopher Vootz

Une pièce qui a été profondément remaniée et qui se vit comme une expérience autant devant que sur la scène, comme nous l’explique Gil Galliot, son metteur en scène :

« Ce texte est un terrain de Jeu, un champ d’investigation formidable pour le metteur en scène et les acteurs (trice), parce qu’il propose moins un discours dramatique cohérent que des visions, une atmosphère et la possibilité d’une extrême théâtralité. En accord avec l’auteur, il a été possible également de couper, de mélanger les scènes, et même d’insérer d’autres textes éclairant d’autant mieux le parti pris scénique… »

Une pièce culte, jouée à de multiples reprises et qui a même eu les honneurs du petit écran en 1983 avec Fernando Arrabal à la réalisation et Alain Bashung dans le rôle principal.

Extrait de Le Cimetière des Voitures de Fernando Arrabal (1983)

Viva Arrabal !

En parallèle aux représentations, ne manquez pas les 6 et 7 avril l’événement Viva Arrabal ! au Théâtre de l’Épée de Bois ! Tables rondes, projections, exposition d’objets et lectures sont au programme de ce week-end de célébrations auquel participeront de nombreux artistes et intellectuels ainsi que Fernando Arrabal en personne qui jouera pour l’occasion douze parties d’échec en simultané !

Un défi Arrabalesque, bien évidemment…


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche de la pièce Le Cimetière des Voitures (2024)
  • TITRE : Le Cimetière des Voitures
  • DE : Fernando Arrabal, adaptée et mise en scène par Gil Galliot et Cie Oléa Méditerranée
  • AVEC : Marjory Gesbert, Guillaume Geoffroy, Jérémy Lemaire, Frédéric Rubio, Clément Vieu et Pascal Castelletta
  • LIEU : Théâtre de l’Épée de Bois, Cartoucherie, Route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris. M° Château de Vincennes puis navette gratuite pour la Cartoucherie.
  • DATES : Du 4 au 21 avril 2024
  • HORAIRES : Du jeudi au samedi à 21h / Samedi et dimanche à 16H30
  • TARIFS : 10-22€ / pack 4 places : 60€ / 6 places : 72€ / 10 places : 100€
  • RENSEIGNEMENTS : www.epeedebois.com
  • TÉLÉPHONE : 01 48 08 39 74