Elle fait partie de cette cuvée d’artistes dont on n’a de cesse de revisiter la vie et l’œuvre tant ils ont profondément marqué les esprits. Peut-être aussi car de son vivant, Frida n’a pas eu la reconnaissance que l’on octroie généralement aux grands créateurs, comme ce fut le cas pour son mari, le génial peintre Diego Rivera. Le Palais Galliera nous propose ainsi de pénétrer dans l’intimité de cette artiste hors pair afin de mieux cerner sa personnalité et de saisir toute la portée de son art.


De la petite fille de Coyoacán à la femme et artiste Frida Kahlo

Le parcours de l’exposition débute par une plongée dans la vie de l’artiste de Coyoacán, en partant de son enfance et de ses jeunes années au sein d’une famille aux origines multiples. Le père, Guillermo Kahlo est un immigré allemand, devenu photographe pour le gouvernement mexicain. Quant à sa mère, Matilde Calderón y González, c’est une métisse d’origine espagnole et indigène de la région d’Oaxaca. De son père, elle héritera le goût pour l’art et la photographie, de sa mère celui de porter des vêtements traditionnels.

Parmi les photos de famille, on découvre celles de son mariage avec Diego Rivera et de son quotidien dans la casa azul, épicentre de sa vie et de son œuvre. Le couple rénove la maison dans les années 1930. Ils repeignent alors ses murs gris en bleu éclatant et la décorent de sculptures préhispaniques, d’objets d’art populaire mexicains et de peintures votives. Au sein de ces quatre murs ont séjourné des personnalités venues du Mexique et de plus loin encore, comme Léon Trotski ou André Breton, tous deux arrivés là à la fin des années 1930.

Frida Kahlo au-delà des apparences met également en lumière les voyages effectués par Frida Kahlo. D’abord, ceux aux États-Unis aux côtés de Diego (New-York, Detroit, San Francisco…) qui est en plein essor artistique et reçoit de multiples commandes. Puis, le périple parisien qu’elle effectue seule et au cours duquel elle rencontrera le groupe des Surréalistes.

Frida Kahlo par Antonio Kahlo, 1946. Frida Kahlo by Antonio Kahlo, 1946. © Diego Rivera and Frida Kahlo archives, Bank of México, fiduciary in the Frida Kahlo and Diego Rivera Museums Trust

Des objets provenant de la Casa Azul

Dans les salles suivantes, on accède à l’univers le plus intime de Frida. Par moment, on a l’impression d’être dans sa chambre, au plus près d’elle, comme si elle venait tout juste de partir faire un tour en ville.

C’est à la mort de l’artiste en 1954 que Diego Rivera décide de garder précieusement en mettant sous scellés tous les objets personnels appartenant à son épouse. Ils resteront ainsi à l’abri des regards pendant 50 ans, jusqu’en 2004. Pour la première fois à Paris, en collaboration avec le Museo Frida Kahlo, le Palais Galliera rassemble plus de 200 objets provenant de la Casa Azul, la maison dans laquelle Frida est née et a vécu la plupart de sa vie.

Sur place, vous pourrez admirer les vêtements, parures, bijoux, cosmétiques, médicaments, prothèses médicales ainsi que tout un ensemble d’objets qui renferment en eux l’univers le plus intime de l’artiste mexicaine. Cette exposition met en exergue l’importance qu’a son image pour Frida, une image qu’elle maîtrise à la perfection. Dès sa jeunesse, elle se construit une identité forte, comme une représentation d’elle-même. Elle se sert de son image à la fois comme une extension de son art et comme une expression de sa mexicanité. C’est sa façon à elle d’exprimer son amour et sa profonde admiration pour le pays qui l’a vue naitre.  

Huipil en coton brodé, jupe en coton imprimé, galon, volant de dentelle. Cotton huipil with embroidery, printed cotton skirt with embroidery and ruffle. © Museo Frida Kahlo – Casa Azul collection – Javier Hinojosa, 2017

Les magnifiques parures qu’elle aime porter, comme les robes traditionnelles Tehuana, l’aident également à mieux vivre son handicap. En effet, ces tenues lui permettent de parfaitement dissimuler les corsets et les prothèses qu’elle est obligée de porter suite à un terrible accident qui lui a laissé de graves séquelles.  

« J’ai eu deux accidents graves dans ma vie. L’un dans lequel un tramway m’a renversée. L’autre, ce fut Diego. »  Si Frida souffre en raison de son corps meurtri, son cœur est aussi atteint. Avec Diego Rivera, qu’elle épouse en 1929, elle entretiendra une relation tumultueuse, marquée par des va-et-vient, même si elle restera jusqu’à la fin de ses jours très attachée à lui.

Prothèse de jambe avec botte en cuir et soie brodée de motifs chinois. Prosthetic leg with leather boot ans appliqued silk with embroidered chinese motifs.© Museo Frida Kahlo – Casa Azul collection – Javier Hinojosa, 2017

Ce qui frappe le plus est la façon dont Frida décore et personnalise certains objets comme ses prothèses médicales ou ses corsets, qui lui permettent de maintenir sa colonne vertébrale droite. Elle les rend beaux, tout simplement uniques. Peut-être que sa manière de lutter contre sa souffrance physique est de la transformer en art.

Le parcours s’achève avec une exposition capsule au second étage, présentée du 15 septembre au 31 décembre et qui témoigne de la forte influence de Frida Kahlo dans l’univers de la mode. Au fil du temps, l’icône mexicaine est devenue la muse des plus grands couturiers. Parmi les designers présentés, on peut admirer des créations signées Jean Paul Gaulter, Yoji Yamamoto, Maria Grazia Chiuri pour Dior, Alexander McQueen pour Givenchy, Karl Lagerfeld pour Chanel et bien d’autres encore.

Crédits photo principale : The Frame, Frida Kahlo, 1938 © Centre Pompidou, MNAM- CCI, Dist. RMN Grand Palais / Jean-Claude Planchet © Banco de México, D. Rivera F. Kahlo Museums Trust / ADAGP, Paris 2022


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche de l’exposition Frida Kahlo au-delà des apparences au Palais Galliera
  • TITRE : Frida Kahlo au-delà des apparences
  • LIEU : Palais Galliera – Musée de la mode de Paris
  • ADRESSE : 10, avenue Pierre 1er de Serbie, Paris 16ème
  • HORAIRES D’OUVERTURE : du mardi au dimanche de 10h à 18h et en nocturne les jeudis et vendredis jusqu’à 21h.
  • DATES : jusqu’au 5 mars 2023
  • TARIF :  13 – 15 €
  • RENSEIGNEMENTS : Palais Galliera – Musée de la mode de Paris