Second long métrage du réalisateur David Zonana, Heroico est un thriller sans concession se déroulant au sein d’une école où sont formés les officiers du pays, une sorte de West Point niché au beau milieu de la jungle. Entre les murs de ce lieu sinistre et imperméable au reste du monde, Luis, le protagoniste de l’histoire, prendra connaissance des abus auxquels sont confrontées les jeunes recrues.


Un Full metal jacket à la mexicaine

Le film commence avec l’entretien de Luis (Santiago Sandoval), un jeune indigène qui souhaite intégrer l’armée. Même s’il n’a pas une véritable vocation militaire, Luis voit dans cette voie un moyen de s’extraire de la pauvreté et d’obtenir une assurance-maladie qui permettra de financer les coûteux traitements de sa mère atteinte d’une maladie chronique. Bien sûr, il passera sous silence ce point-là et feindra d’être intimement séduit par la perspective d’une carrière militaire.

Peu à peu, la déshumanisation de Luis et de son groupe de jeunes cadets se met en place. Dès leur arrivée à l’école, ils sont mis en rang nus et inspectés soigneusement par une infirmière. Puis, c’est le sergent Eugenio Sierra (Fernando Cuautle) qui prend le relais, passant en revue les nouveaux arrivés en utilisant un ton agressif et méprisant. Pour lui, ces jeunes ne sont que des poulains, des « potros » à qui il faut tout apprendre : « Vous êtes venus ici pour vous forger en tant qu’officiers, en tant qu’hommes et je veux que vous sachiez que tout cela n’est pas pour vous, mais pour le bien du Mexique. » Une scène très puissante, lourde de sens, qui évoque la mythique scène du sergent instructeur Hartman dans Full metal jacket

Image du film Heroico
Image du film Heroico de David Zonana © Paname Distribution

Les racines de la violence

Avec Heroico, le réalisateur mexicain a souhaité explorer et mettre en lumière les racines complexes de la violence dans son propre pays. Une violence qui s’est répondue comme une trainée de poudre dans la société et qui n’a pas épargné des institutions telles que l’armée. Ainsi, au cours de l’écriture du scénario, il s’est inspiré d’histoires réelles d’anciens cadets qui lui ont suffisamment fait confiance pour partager leurs douloureuses expériences.

Image du film Heroico de David Zonana © Paname Distribution

Produit par Michel Franco, avec qui Zonana a déjà collaboré à de nombreuses reprises, Heroico est une critique acerbe de la formation militaire et des pratiques immorales qui y sont monnaie courante : « L’armée mexicaine tente d’éradiquer la violence par la violence. Cette institution encourage la déshumanisation et la brutalité. Nous devons alors nous interroger sur la manière dont ces valeurs imprègnent la société civile », explique ainsi Zonana.

Pour recréer ce lieu où la peur et la barbarie règnent en maîtres, le cinéaste a choisi une ancienne cité aztèque, un cadre qui renforce les sentiments de mystère et de menace qui infusent le récit. Quant à la photographie, David Zonana a souhaité mettre en avant la symétrie, les lignes géométriques et le recours à une grande profondeur de champ afin de mettre en exergue l’oppressante atmosphère militaire.

Bande-annonce du film Heroico de David Zonana (2024)

Crédits photos : Paname Distribution (photo de couverture)


FICHE DU FILM


Affiche du film Heroico de David Zonana (2024)
  • Titre original : Heroico
  • De : David Zonana
  • Date de sortie : 22 mai 2024
  • Durée : 1h28 min
  • Distributeur : Paname Distribution