Après un très beau parcours en 2021 dans des festivals d’envergure tels la Mostra de Venise ou le Festival de San Sebastián  où il a décroché la mention spéciale du jury, Un corps sous la lave d’Helena Girón et de Samuel M. Delgado arrive enfin dans les salles obscures. Avec ce premier film, le duo de réalisateurs nous invite à une réflexion sur des événements historiques majeurs tout en mettant sur le devant de la scène des personnages en marge de la grande Histoire.  


1492. La découverte de l’Amérique

Ce n’est pas un hasard si Helena Girón et Samuel M. Delgado ont choisi l’année 1942 pour situer les deux histoires qu’ils racontent dans leur film. La première est incarnée par Xoán Reices, Valentín Estévez et David Pantaleón, trois marins en fuite. Ces anciens condamnés à mort qui, en choisissant de faire partie du voyage de Christophe Colomb, ont obtenu la commutation de leurs peines, décident de s’échapper de nouveau à l’approche des côtes des îles Canaries. Sautant à la mer en emportant l’une des voiles du bateau, ils sont aussitôt poursuivis par le reste de l’équipage qui souhaite récupérer la voile et pouvoir ainsi continuer son long périple.

Quant à la seconde histoire, elle prend place la même année, mais loin de là, en Galice, au nord-ouest de la péninsule Ibérique. Sur place, une femme (Sara Ferro) fait tout son possible pour soigner sa sœur agonisante. Cette dernière, dans un geste désespéré, a sauté dans le vide pour fuir son destin. « Nous sommes partis avec ces éléments : des hommes fuient l’équipage de Christophe Colomb ; deux sœurs voyagent en quête d’un remède ; une histoire s’inscrit dans le geste héroïque ; une autre dans l’humanité souffrante », confie le duo de réalisateurs.

Photo d'Un corps sous la lave
Un corps sous la lave d’Helena Girón et de Samuel M. Delgado © ED Distribution

Deux histoires, deux destinées

Filmé à Tenerife et Orense en langue galicienne, Un corps sous la lave est un film d’une puissance tellurique qui rend visible tous ces êtres marginaux pris dans le tourbillon de l’Histoire. Avec ce film doté d’une superbe photographie mettant en valeur des paysages aussi majestueux que ténébreux, les réalisateurs ont souhaité s’appuyer également sur des documents d’archives ainsi que sur ses images du film Alba de América (1951) de Juan de Orduña, une superproduction de l’époque franquiste qui magnifiait la figure du découvreur.  

Photo du film Un corps sous la lave du duo des réalisateurs Helena Girón et Samuel M. Delgado
Un corps sous la lave d’Helena Girón et de Samuel M. Delgado © ED Distribution

« Le cinéma nous permet ainsi de révéler des problématiques et des blessures encore à vif ou latentes dans le magma incandescent qu’est la mémoire collective. La mémoire de nos personnages, de ceux qui ont été invisibilisés et enterrés par l’Histoire, doit être imaginée pour exister et rester vivante. Un corps sous la lave endosse une douleur issue de l’absence de ces corps, de ces mondes et de ces imaginaires que l’ordre colonial et patriarcal a cherché à éliminer » expliquent ainsi les deux réalisateurs.

Bande-annonce Un corps sous la lave d’Helena Girón et de Samuel M. Delgado (2023)

Crédits photos : ED Distribution (photo de couverture)


FICHE DU FILM


Affiche du film Un corps sous la lave
Affiche du film Un corps sous la lave
  • Titre original : Un corps sous la lave
  • De : Helena Girón et Samuel M. Delgado
  • Avec : Nuria Lestegas, Xoán Reices, Valentín Estévez et David Pantaleón
  • Date de sortie : 20 décembre 2023
  • Durée : 1h15
  • Distributeur : ED Distribution