Dans les ruelles du Marais, non loin de la Rue Vieille du Temple et de la sublime Place des Vosges, une douce odeur de café attire irrésistiblement les passants. Passée la porte de l’échoppe, la musique espagnole se mêle au son des tasses qui s’entrechoquent. Bienvenue chez Cortado, un coffee shop né de la passion de trois espagnols, Adrián, Elena et Tom. Que tal Paris ? a rencontré Adrián, l’un des co-fondateurs de Cortado, pour parler de cette belle aventure qui a transformé ce petit coin du 3ème arrondissement en véritable enclave espagnole.
Un lieu où tout rappelle l’Espagne
D’où vient votre lien avec l’Espagne ?
Mon père était franco-espagnol, mais né et élevé à Madrid. Avec ma mère, madrilène aussi, ils sont venus s’installer ici à Paris quand ils avaient une vingtaine d’années. Nous sommes nés ici, mais nos racines sont restées profondément espagnoles. Ma femme est aussi espagnole et vient de Barcelone.
Comment est née l’idée de Cortado ?
C’est presque un hasard. J’ai commencé ma carrière comme avocat en Espagne, puis j’ai monté une start-up dans l’univers d’Internet que j’ai vendue juste avant le COVID. Ensuite, j’ai travaillé dans la finance. Pendant ce temps, la société de ma femme, qui travaillait dans la mode, a fermé. Nous nous sommes dit : « et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? ». Montons une entreprise, voyons comment ça se passe et l’occasion de prendre ce local dans le Marais s’est présentée. Mon frère était aussi intéressé et s’est joint à l’aventure.
Pourquoi avoir choisi ce nom ?
Nous voulions un concept espagnol, un café espagnol. Nous aimions le mot cortado, court, avec ses trois syllabes. Je me souviens que nous hésitions avec Crema, mais finalement, nous avons choisi Cortado. Nous en sommes très contents. Le café vient de Nomad Coffee à Barcelone, l’un des meilleurs torréfacteurs du pays.
Et les clients parisiens savent ce qu’est un cortado (NDLR un café noisette) ?
Non, pas toujours ! Ceux qui connaissent bien le monde du café, oui. Mais pour le grand public, c’est encore une découverte. C’est aussi ce qui nous plaît : faire connaître un vrai café espagnol à Paris.

Des produits simples mais délicieux
Tous vos produits sont-ils espagnols ?
Oui, les produits que nous proposons — le jambon ibérique, les fromages, l’huile d’olive, les anchois de Santoña, les olives, les boquerones — arrivent chaque semaine d’Espagne. Même les meubles et les luminaires viennent de fournisseurs espagnols. Seul le pain est français, il vient d’une boulangerie du Marais.
Quels sont les produits phares de Cortado ?
Le café, évidemment, mais aussi notre matcha, qui a un succès fou. Côté salé, les gens adorent le pan con tomate avec jambon ou fromage, les bocadillos de jamón ibérico de bellota, et surtout, le croissant mixte, jambon ibérique et fromage fondu.
Deux adresses, un même esprit
Vous êtes ouverts depuis l’été 2024, une aventure récente mais réussie…
Effectivement. Nous avons ouvert le 28 juin 2024 et dès le premier jour, de nombreux Espagnols sont venus. Ils appréciaient le concept de coffee shop espagnol “cool”, loin des clichés. Ça a ensuite attiré un public français. Le bouche-à-oreille a parfaitement fonctionné.
Vous avez récemment ouvert un second lieu, Cantina Cortado…
Notre coffee shop a eu un pouvoir d’attraction énorme dès le début et il nous a semblé intéressant d’ouvrir un restaurant dans la même rue, presque en face. C’est un peu la Calle Cortado ! Et ça a été une autre opportunité que la vie nous a offerte. Nous avons pu récupérer le local et développer le concept de restaurant. Nous avons fait venir une chef des Asturies qui a énormément de talent et le menu que nous proposons est assez élaboré. Nous en avions assez d’entendre nos amis français dire que la cuisine espagnole se résume à des croquettes et des patatas bravas.
Que trouve-t-on à Cantina Cortado ?
C’est une carte espagnole moderne, avec des produits de saison et plusieurs clins d’œil à la cuisine française. Notre plat signature, c’est la tortilla espagnole, très moelleuse, servie en pinchos. On propose aussi de l’escalivada, des piments del Padrón, du poulpe sur salade de pommes de terre… Cecilia revisite des plats de différentes régions d’Espagne avec beaucoup de sensibilité.
Vous semblez très attachés à vos racines…
Absolument. L’Espagne, c’est notre point de départ et notre fil conducteur. Que ce soit dans la tasse ou dans l’assiette, tout ce que nous faisons doit avoir du sens. On veut offrir à Paris une vraie expérience espagnole, sincère et contemporaine. Le restaurant est ouvert depuis quelques mois. Nous continuons à apprendre et à peaufiner. Évidemment, nous n’allons pas nous arrêter.