Rencontre avec Raül Refree

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À l’occasion du concert qu’il donnera le 1er février 2026 au Théâtre de la Ville – Sarah Berhardt aux côtés de la chanteuse transalpine Maria Mazzotta, nous avons eu l’immense plaisir de poser quelques questions au génial musicien et producteur catalan Raül Refree. Il nous parle ainsi de ce tout nouveau projet et revient également sur sa très riche carrière musicale.

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Le 1er février 2026, tu seras sur la scène du Théâtre de la Ville pour présenter ton nouveau projet aux côtés d’une figure emblématique de la région des Pouilles, Maria Mazzotta. À quelle occasion vous êtes-vous rencontrés et comment est née l’idée d’un tel projet ?

J’ai rencontré Maria au cours d’une semaine que j’ai passée près de Brindisi. Elle m’avait contacté quelque temps auparavant pour travailler ensemble, mais à ce moment-là, je n’avais pas pu. Nous avons convenu d’un jour pour jouer ensemble : je lui avais demandé de m’apprendre des chansons traditionnelles des Pouilles, et nous avons passé des heures à jouer et à chanter un répertoire magnifique, qui venait de très loin dans le temps.

Il s’agit d’un projet musical autour de la tarentelle qui nous plonge dans l’Italie du début du XXᵉ siècle, avec des références à des chants religieux, des chants de travail ou des berceuses de l’époque. De quelle manière ces références — ou plus largement la tarentelle — résonnent-elles encore aujourd’hui ?

Ce qui continue de résonner aujourd’hui, c’est le besoin de la musique pour nous équilibrer face au monde extérieur, pour soigner les maux de l’âme et les douleurs émotionnelles. La musique a une valeur à la fois fédératrice et libératrice, et comme au début du XXᵉ siècle, on peut aujourd’hui expliquer de nombreuses réalités de notre société à travers la musique que nous écoutons.

Que peut-on attendre sur scène ? Joueras-tu de la guitare ? Du piano ? Des claviers ou des machines ?

Comme c’est souvent le cas, le disque possède une extension instrumentale très complexe à transposer sur scène, mais je pense que nous avons trouvé une manière de l’interpréter qui répond très bien aux émotions et aux dynamiques de l’album. Sur scène, vous pourrez voir Maria au chant, et moi à la guitare, à l’orgue et avec quelques éléments électroniques.

Tu as déjà une carrière très riche, au cours de laquelle tu t’es aventuré dans de nombreux styles musicaux : flamenco, fado, musiques traditionnelles occitanes, des Asturies, des Pouilles, et même une collaboration avec Lee Ranaldo de Sonic Youth. Es-tu dans une recherche permanente de nouvelles sonorités, de nouvelles sensations ?

Depuis toujours, il m’arrive de m’ennuyer très vite de moi-même. Je ne le dis pas comme quelque chose de positif : pour moi, c’est une sensation désagréable qui m’oblige à être en recherche constante. Je ne me satisfais pas de ce que j’ai déjà fait et j’ai besoin de changements pour me motiver et prendre du plaisir.

J’ai eu la chance que des personnes très intéressantes soient venues me chercher et m’aient fait découvrir de magnifiques musiques traditionnelles.

Y a-t-il un patrimoine musical ou un style que tu aimerais particulièrement explorer ?

Les musiques chorales m’intéressent de plus en plus ; j’aime quand les gens se réunissent pour chanter. Nous chantons de moins en moins en communauté : on chante encore, mais de manière de plus en plus individuelle et intime. J’aimerais explorer les chants collectifs autour de différentes communautés.

Les artistes que tu produis ont toujours une signature musicale très marquée, avec des sonorités dissonantes, expérimentales et d’avant-garde. Tu ne viens pas du flamenco, et pourtant cette radicalité a séduit de nombreux artistes : Silvia Pérez Cruz, Rosalía, Niño de Elche, Rocío Márquez… Comment l’expliques-tu ?

Comme je te le disais auparavant, j’ai eu la chance de partager des projets avec d’immenses talents, dont j’ai beaucoup appris et qui m’ont laissé une grande liberté pour expérimenter et essayer des choses nouvelles, souvent radicales. Je pense que le travail en duo doit reposer sur une grande confiance mutuelle, sur la confiance et l’admiration et c’est ce que j’ai ressenti tout au long de ces collaborations.

Nous voulions profiter de tes oreilles expertes… En terme de production, quels albums t’ont particulièrement marqué, toutes époques et tous styles confondus ?

C’est une question très complexe et je ne saurais pas vraiment t’apporter une réponse précise en si peu de temps. Mais ce qui s’est avéré important pour moi, c’est de comprendre la musique de manière libre, aussi bien comme auditeur que comme mélomane : ne jamais m’enfermer dans des styles et comprendre que le son fait partie d’un tout, que le plus important, c’est de trouver ce qui nous traverse émotionnellement.

Retrouvez ici toutes les informations sur le concert du 1er février au Théâtre de la Ville – Sarah Berhardt.

Crédits photo principale : Raül Refree & Maria Mazzotta © Alex Rademakers

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