Prix spécial du jury à Sundance — festival fondé par l’inoubliable et récemment disparu Robert Redford — Les cavaliers des terres sauvages des réalisateurs américains Michael Dweck et Gregory Kershaw est une fascinante immersion dans l’univers des gauchos. Ce documentaire à la photographie somptueuse révèle le quotidien de ces cavaliers argentins qui peuplent les grandes plaines et pour lesquels la liberté n’est pas un vain mot, mais un authentique mode de vie.
Le gaucho, en symbiose avec son cheval
« Quand on est gaucho, on doit d’abord apprendre à maîtriser son cheval, sa monture », dit un grand-père a son petit-fils qui l’écoute avec attention, les yeux écarquillés et vêtu de sa pilcha, la parure typique des gauchos. Lorsqu’on naît au cœur des montages argentines dans la région de Salta, dominée par les sommets de la cordillère des Andes, on devient gaucho naturellement, par la force des choses. C’est le cas de Guada, une adolescente intrépide et indépendante d’esprit, qui rêve de rejoindre le cercle majoritairement masculin des gauchos et de faire ses preuves dans les concours de rodéo locaux.
Tout l’univers des gauchos gravite autour du cheval, symbole de liberté et d’attachement à la terre — un lien que les réalisateurs captent à la perfection dans une séquence empreinte de lyrisme exceptionnelle, tournée à l’aide d’une voiture caméra suivant à pleine vitesse un gaucho à cheval traversant une plaine ouverte.
« L’idée de liberté est au cœur de la mythologie du gaucho » explique Kershaw. « Elle ressemble à celle du cow-boy nord-américain, mais l’histoire de l’Ouest américain est souvent marquée par la domination et la conquête. Ce que nous avons ressenti en cotoyant les communautés de gauchos, c’est plutôt une harmonie avec la terre et une fusion des cultures européennes et indigènes. La mythologie du gaucho est omniprésente en Amérique du Sud, notamment en Argentine. Pour beaucoup, le gaucho symbolise l’existence en dehors des limites de la société moderne, apportant avec lui liberté et pouvoir face à l’inconnu. »

Un film en noir et blanc d’une beauté saisissante
Comme dans leur précédent documentaire, Les chasseurs de truffes (2020), où ils faisaient déjà preuve d’une remarquable maîtrise du cadrage, de la composition et de la lumière, Michael Dweck et Gregory Kershaw signent avec Les cavaliers des terres sauvages un film à la photographie méticuleusement travaillée, tourné cette fois-ci dans un noir et blanc satiné et très contrasté. Les réalisateurs donnent à l’ensemble une véritable dimension picturale : chaque scène est captée avec une précision chirurgicale et sublimée par un usage virtuose de la lumière.

Kershaw explique que cette décision visait à « faire en sorte que l’image transmette le sentiment du lieu. C’est une région profondément éloignée de la culture mondialisée, axée sur la technologie, qui tend à uniformiser le monde. Nous voulions capturer cette essence dans le film, en expérimentant différentes approches. Lorsque nous avons commencé à regarder leur monde à travers un viseur noir et blanc, le déclic a été immédiat. Cela correspondait parfaitement à la façon dont nous percevions ce monde. »
Dweck ajoute : « Cet endroit a une qualité intemporelle, tout comme l’attrait durable de la photographie en noir et blanc. Ce choix permet d’explorer des détails souvent négligés. »
Crédits photos : Tandem Films (photo de couverture)
FICHE DU FILM

- Titre original : Gaucho, gaucho
- De : Michael Dweck et Gregory Kershaw
- Avec : Guada Gonza, Tati Gonza, Jony Avalos
- Date de sortie : 22 octobre 2025
- Durée : 1h24
- Distributeur : Tandem Films