Peu connu en France, Jean-Baptiste Debret fait l’objet d’une exposition à la Maison de l’Amérique latine. Ce n’est pas la première fois que la MAL dévoile l’œuvre de cet artiste français qui est plus célèbre au Brésil que dans son pays natal. En 2016, l’exposition L’atelier tropical, Jean-Baptiste Debret montrait déjà un ensemble exceptionnel d’aquarelles originales. Voici donc une nouvelle rétrospective dans laquelle les œuvres de Debret dialoguent avec celles de jeunes artistes brésiliens.


Jean-Baptiste Debret

JeanBaptiste Debret est un peintre du cercle de J. L. David. Appartenant aux jacobins, il se retrouve au Brésil après la chute de Napoléon en 1815 à l’invitation du roi de Portugal qui souhaite y créer une académie des Beaux-Arts. Il s’installe au Rio de Janeiro où il devient peintre de la cour.   

Sur place, il découvre un univers, très diffèrent de la France. Il décide rapidement de commencer à faire des croquis dans la rue et capter ainsi le quotidien bouillonnant de cette colonie portugaise. Pendant 15 ans, époque qui va du Brésil colonial à l’Empire, il va représenter des scènes où les principaux protagonistes sont les esclaves. En tant que saint-simonien, il considère que ceux qui font la nation sont ceux qui travaillent.

Rentré à Paris en 1831, il publie un livre, Voyage pittoresque et historique au Brésil, où sont ressemblées les aquarelles, jusque-là tenues secrètes, car la société de l’époque ne les acceptait pas. En effet, son livre sera censuré par la bibliothèque impériale, puis oublié pour avoir montré trop crûment la société esclavagiste.

En 1940, l’ouvrage est publié au Brésil. Son succès est tel qu’il devient l’iconographie de référence sur cette période. Il sera ensuite publié par l’Imprimerie Nationale en 2014.

Gê Viana, Culture de champignons, de la série Actualisation traumatiques de Debret, 2000
Culture de champignons, de la série Actualisation traumatiques de Debret, 2000 © Gê Viana,

Une nouvelle génération d’artistes

L’exposition, qui s’appuie sur les recherches récentes de Jacques Leenhardt (Rever Debret, Editora 34, Sao Paulo/Brésil, 2023), commissaire de l’exposition auprès de Gabriela Longman, présente les œuvres d’une nouvelle génération d’artistes qui font un travail critique et de resymbolisation des images du peintre Jean-Baptiste Debret

Vous aurez ainsi l’occasion de découvrir les œuvres de 14 artistes brésiliens contemporains qui prennent leurs distances avec les images de Debret tout en rennouvelant son regard, mettant l’accent sur la violence de la société brésilienne que Debret avait déjà illustrée.

King Kong, (2021)
King Kong, (2021) © Denilson Baniwa

Qui sommes-nous comme nation ? Comment intégrer les communautés indigènes sans qu’elles perdent leur identité ? Où en sommes-nous avec la violence ?

Autant des questions auxquelles ils tentent de répondre avec leur art, en se plongeant dans le présent et le passé d’un pays qui a été l’un des derniers à abolir l’esclavage en 1888.

Crédits photo principale : Arqueiro digital (Archer digital), 2017, infogravure © Denilson Baniwa – courtoisie de l’artiste


INFORMATIONS PRATIQUES


Eustaquio Neves, Portrait de la mère et transformations, 2022
Portrait de la mère et transformations, 2022 © Eustaquio Neves
  • TITRE : Le Brésil illustré. L’héritage postcolonial de Jean-Baptiste Debret (1768-1848)
  • LIEU : Maison de l’Amérique latine
  • ADRESSE :  217, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
  • HORAIRES : Du lundi au vendredi de 10h à 20h. Le samedi de 14h à 18h
  • DATES : jusqu’au 4 octobre 2025
  • ENTRÉE : libre
  • RENSEIGNEMENTS : Maison de l’Amérique latine