À l’occasion du concert qu’il donnera le 26 mars en ouverture du festival Banlieues Bleues à la MC93, nous avons pu nous entretenir avec Niño de Elche, l’enfant terrible du flamenco. Une interview dans laquelle cet artiste aussi novateur qu’hors norme évoque tout particulièrement son propre processus de création.


Tu seras en concert le 26 mars prochain à la MC93 pour l’ouverture de la 39è édition du festival Banlieues Bleues. Pour ce concert exceptionnel, que nous as-tu préparé ?

Ce sera un concert qui sera divisé en deux parties distinctes. La première partie sera consacrée à la collaboration que j’entretiens depuis déjà plusieurs années avec le musicien et producteur Raül Refree. Elle prendra le nom d’Ecstasis. La seconde partie de la soirée consistera en une sélection de pièces issues de mon album Antología del Cante flamenco heterodoxo.

« La base de mon travail, ce sont des développements très paradoxaux… »

Tu es considéré comme l’un des artistes les plus avant-gardistes de la galaxie flamenca.  En effet, tu confrontes la tradition à une multitude d’influences, krautrock, post-rock, new wave, ambient… Toutes ces musiques semblent t’avoir traversé au point où tes propositions artistiques, aussi surprenantes soient-elles, sonnent toujours naturelles…

Mon travail a plus à voir avec le processus de création qu’avec le résultat en tant que tel, même si ce dernier reste tout de même important. La base de mon travail, ce sont des développements très paradoxaux, souvent contradictoires. Ce sont des idées qui convergent au-delà des disciplines artistiques, de toutes ces boîtes étanches qui, selon moi, n’ont rien à voir avec la création artistique en tant que telle. C’est pourquoi ma démarche tend souvent à déranger certains publics ou certains programmateurs. Mais cette époque, pour le moment, contribue à nous aider à faire en sorte que ces propositions soient comprises, bien que ce soit un travail de longue haleine.

Ton flamenco « hétérodoxe » a-t-il dérangé d’une manière ou d’une autre les « gardiens » de la tradition ? Ou au contraire, l’ont-ils accueilli bien plus favorablement que tu ne l’aurais cru à priori ?

Je n’aime pas trop parler de « mon » flamenco, je préfère plutôt évoquer mes pratiques artistiques par rapport à quelque chose de concret, de précis… Lorsque vous essayez de vous approprier toute la liberté que l’art et la vie peuvent vous offrir, vous trouverez toujours sur votre chemin des gens que cela agace. C’est inévitable… Mais le public arrive toujours à vous surprendre, aussi, vous ne devez jamais préjuger de ses attentes, car ce que vous attendez de lui ne se produit pas nécessairement à chaque occasion.

Tu seras sur scène, en première partie de spectacle, avec Raül Refree, un autre grand réformateur des musiques ibères. Vos approches musicales ont de nombreux points communs. Comment vous êtes-vous rencontrés et comment est née votre collaboration ?

Avec Raül Refree, nous nous sommes rencontrés pendant l’enregistrement de l’album El Niño de notre amie commune, la chanteuse Rocío Márquez avec laquelle j’ai eu l’honneur de collaborer. Depuis, les invitations se multiplient de chaque côté, et ce, jusqu’à aujourd’hui.

Avec quel(s) autre(s) artiste(s) aimerais-tu un jour pouvoir collaborer ?

Il y en a tellement… Pour rêver, je dirais Diamanda Galás, Albert Serra, Blixa Bargeld, Lois Patiño, Oliver Laxe, Arca, Joan Manuel Serrat, Philip Glass, Laurie Andersson, Bela Tarr, Phil Minton, Alim Qasimov, Raúl Zurita, Christian Bobin, Marcel Perés, Pascal Quignard

Quels sont tes prochains projets ?

Je vais continuer à écrire sur le flamenco et ses mensonges, sur le silence et son mysticisme… Je vais aussi continuer à développer mon émission de radio émission qui s’intitule eXtrañas heterodoXias et qui est diffusée sur Radio3. Je suis également plongé dans l’enregistrement d’un nouvel album qui sera encore plus en lien avec le flamenco et je travaille aussi sur le nouveau projet de la danseuse Rocío Molina.

Notez qu’en prélude à ce concert, l’institut Cervantes à Paris organise le 24 mars une projection de Canto Cosmico, un documentaire qui lui est consacré. Niño de Elche sera présent et un échange avec le public aura lieu après la projection. Retrouvez toutes les informations pratiques sur le site de l’institut Cervantes !   


INFORMATIONS PRATIQUES


portrait Niño de Elche
Niño de Elche © Ricardo Cases
  • ARTISTE : Niño de Elche & Raül Refree
  • LIEU : La MC93
  • ADRESSE : 9, Bd Lénine, 93000 Bobigny
  • DATES : le 26 mars 2022
  • HORAIRE : 20H30
  • TARIFS : 12 – 20 €
  • RENSEIGNEMENTS : www.banlieues bleues.org