Venue tout droit de Bogotá, La Sonora Mazurén s’annonce déjà comme le nouvel Objet Sonore Non Identifié d’un pays qui a vu naître des groupes aussi défricheurs que Meridian Brothers, Frente Cumbiero, Ondatrópica, Los Pirañas ou La-33. Avant leur tout premier concert en France le 2 avril à Banlieues Bleues et la mise en orbite de leur album à la fin du mois, les membres de cet explosif combo qui place la danse au cœur du débat ont eu la gentillesse de répondre à quelques-unes de nos questions.


QTP – Vous serez sur la scène du Pôle Musical d’Orgemont à Épinay-sur-Seine le 2 avril prochain dans le cadre du festival Banlieues Bleues et c’est votre toute première date en France ! À quoi vous attendez-vous, en tant que musiciens, et à quoi devons-nous nous attendre, en tant que public, pour ce concert très particulier ?

Tout d’abord, nous sommes très heureux de cette première date internationale, en particulier pour un festival aussi important que Banlieues Bleues. En tant que musiciens, la danse et les danseurs sont au centre de notre attention, on cherche à ce que les gens qui nous voient sur scène se lâchent et que la danse soit notre première connexion.

Notre musique s’inspire principalement de la cumbia colombienne de la côte caribéenne et des cumbias et chichas équatoriennes et péruviennes. Nous souhaitons mettre en avant les racines de la cumbia, mais en les interprétant à notre façon, avec notre propre style.

En tant que musiciens, nous souhaitons participer activement à la diffusion de cette musique et ce concert est une étape importante de ce processus.

Au cours de la dernière décennie, des formations telles que Frente Cumbiero, Ondatropica, Los Pirañas ou Meridian Brothers ont mixé musique traditionnelle colombienne à des influences plus contemporaines et ont rencontré le succès aussi bien localement qu’internationalement. Même si vous avez votre propre identité, peut-on considérer que La Sonora Mazurén fait partie de cette grande famille musicale ?

Oui, nous en faisons totalement partie. À Bogotá, depuis les années 2000, l’influence de la musique traditionnelle colombienne s’est faite de plus en plus présente, ce qui a conduit beaucoup d’entre nous, musiciens, à converger vers ces sonorités, mais en les assimilant à d’autres genres comme le rock, le punk, le hip hop, le psychédélisme…

Au final, la musique de Bogotá a un son très particulier, parfaitement défini par Mario Galeano de Frente Cumbiero avec son idée de Tropicanibalismo de Montaña. Bogotá se trouve au centre du pays, dans une zone montagneuse, à plusieurs heures des plages de la mer des Caraïbes… C’est sans doute la raison pour laquelle notre interprétation de cette tropicalité a ce parfum de rock urbain.

« La danse et les danseurs sont la chose la plus importante pour nous… »

Votre album, Bailando con Extraños, a été produit par Eblis Álvarez de Meridian Brothers. C’était un choix évident, au sens où l’un de vos membres, Iván Medellín , avait déjà collaboré avec lui sur un précédent disque, Paz en la Tierra de Meridian Brothers & Conjunto Media Luna ?

En fait, l’enregistrement de Bailando con Extraños a eu lieu un an avant qu’Iván et Eblis n’enregistrent Paz en la Tierra. Tous deux se sont rapprochés, tant par amitié que par affinités musicales, et ça s’est concrétisé par ce projet commun, mais seulement après avoir travaillé sur l’album de La Sonora. Le lancement de notre disque a pris un certain temps, c’est la raison pour laquelle Paz en la Tierra est sorti en premier, mais ce sont des processus qui se sont nourris l’un de l’autre et se sont mutuellement renforcés.

Le choix d’Eblis comme producteur, c’est avant tout lié à l’admiration que nous lui portons, à l’influence profonde de sa musique, à ses choix esthétiques et à sa prolifique carrière en tant que compositeur et producteur… 

Le nom de votre groupe s’inspire de votre propre quartier à Bogotá et l’un de vos objectifs, à travers votre musique, est de lutter contre l’ennui contemporain en incitant les gens à sortir faire la fête plutôt que de rester chez eux à regarder la télé… Pouvez-vous nous décrire l’une de ces fêtes que vous organisez régulièrement dans votre quartier ?

Plutôt que de s’attaquer directement à l’ennui contemporain, La Sonora souhaite avant tout laisser une empreinte à travers sa musique, que ses compositions soient un témoignage vivant de ce qui se passe actuellement en Colombie. Bogotá est une ville qui adore faire la fête et c’est la raison pour laquelle nous produisons cette musique pleine d’énergie, qui incite les gens à sortir dans la rue, à danser, à oublier pour un temps leur quotidien…

Bailando con Extraños sortira fin mars et c’est un joyeux capharnaüm musical, principalement instrumental, invoquant une large palette de rythmes traditionnels et des carambolages d’instruments surprenants, accordéon Vs synthés 70’s, percussions traditionnelles Vs guitares fuzz ou effets dub… Pourtant, même s’ils ont une dimension très expérimentale, vos morceaux restent toujours accrocheurs et dansants. C’était l’un de vos objectifs pour l’album, se montrer créatif sans jamais tuer « la vibe » de la fête ?

Oui, c’est tout à fait ça. La danse et les danseurs sont la chose la plus importante pour nous. Ce que l’on souhaite, c’est que sur la piste de danse, les corps bougent sans retenue et que la musique nourrisse cet esprit de fête. L’expérimental a totalement sa place au sein de notre cocktail musical, c’est même une caractéristique fondamentale de la musique colombienne. Les cumbias péruviennes et équatoriennes des années 70 incorporaient déjà le psychédélisme dans leur son, de ce côté-là, ce n’est donc pas quelque chose de véritablement nouveau…

Après ce concert à Banlieues Bleues, allez-vous tourner dans d’autres villes ou pays d’Europe ?

Malheureusement, il ne nous a pas été possible de trouver d’autres dates car l’invitation du festival ne nous est parvenue qu’assez récemment, de sorte que la plupart des lieux avaient déjà bouclé leur programmation. Mais nous savons que cette opportunité va nous ouvrir de nombreuses portes et nous reviendrons jouer ici rapidement.

Retrouvez ici notre chronique du festival Banlieues Bleues.

Crédits photos : La Sonora Mazurén © Juan Diego Rivas


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche Banlieues Bleues 2023
Affiche Banlieues Bleues (2023)
  • ARTISTE : La Sonora Mazurén
  • DATE : Le 2 avril à 17h
  • LIEU : Pôle Musical d’Orgemont, 1 Rue de la Tête St Médard 93800 Épinay-sur-Seine
  • RENSEIGNEMENTS : www.banlieuesbleues.org
  • TÉLÉPHONE : 01 49 22 10 10