Fondé en 1994, Tempo Latino a grandi au fil des ans jusqu’à s’affirmer comme le plus grand rassemblement de musiques latines du continent européen. Il y a deux ans, alors qu’une chape de plomb s’abattait sur le monde de la culture, nous avions eu le plaisir de poser quelques questions à son fondateur historique, Éric Duffau. Il évoquait alors quelques-uns de ses plus beaux souvenirs à la barre de Tempo Latino et levait le voile sur la programmation d’une édition 2020 qui s’annonçait dantesque. La suite, vous ne la connaissez que trop bien, édition annulée en 2020, puis rebelote en 2021… Cette année, tous les voyants sont au vert et le « Connaud Virus », comme il le nommait si bien à l’époque, devrait enfin nous laisser en paix. Cerise sur le gâteau, par respect pour les artistes invités en 2020, la programmation de cette édition 2022 reste inchangée. Los Van Van, le nouveau projet artistique Con Tumbao All Stars autour d’Isaac Delgado, Interactivo, ou Pacific Mambo Orchestra, entre autres, seront bien au rendez-vous cette année… Tout comme Éric Duffau, pour qui Tempo Latino n’est pas qu’un simple festival, mais un territoire partagé avec l’international.


QTP – Il y a 28 ans, tu fondais Tempo Latino, qui allait devenir au fil des ans le plus important festival latino d’Europe. Quels ont été les artistes ou les concerts qui t’ont le plus marqué durant toutes ces années ?

Il y en a beaucoup et pour des raisons très diverses, mais par rapport aux intentions et espérances de départ, arriver à faire venir sur scène, à Vic-Fezensac, certains artistes, les accueillir, avoir le privilège de les présenter, de passer un moment furtif avec eux et d’être là, à se dire qu’il ou elle est finalement venue, c’est émouvant, voire même un peu plus que ça…

Je retiendrais bien sûr Oscar D’León qui, suite à une annulation en 1996, est revenu en grand seigneur et en vrai professionnel pour occuper la scène pendant près de 3h30. Puis, la présence, après un long voyage, de Celia Cruz, émouvante et elle-même très émue de la présence d’enfants sur scène, si heureuse d’être là. Il y a eu Compay Segundo, en 1996, programmé dans le Off et que j’ai rajouté en vedette « surprise » sur la scène des Arènes le dimanche soir.

Également, le Grand Israel López Cachao, la classe, l’humilité, l’œil attentif à tout, en particulier sur son épouse présente sur le côté de la scène… Je rajouterais aussi Manu Chao. Il avait promis qu’il viendrait, et après 3 ans de pourparlers, il a fini par venir. Je l’avais promis aux « jeunes » de notre association et ça a été du feu bouillant ! J’en ai encore des tonnes, mais je vais m’arrêter là…

« Quand les nouveaux venus regardent cette arène pleine à craquer, gourmande de musique, tout peut arriver… »

Cette année, on retrouve à l’affiche Los Van Van, ils sont déjà venus au festival mais la dernière fois, c’était il y a quasiment 15 ans. Ça va être de belles retrouvailles ?

En fait, Los Van Van étaient programmés dès la première édition de Tempo Latino, mais ils ont annulé 10 ou 15 jours avant ! Ça commençait bien… Heureusement, j’ai été à la rencontre d’Alfredo Rodríguez, le pianiste Cubain qui nous a quitté et ça a été une magnifique rencontre, il est ensuite revenu à trois ou quatre reprises. Son épouse, Miké Charopin, a même été marraine du festival, une vraie et belle amie qu’on adore à Tempo, je l’embrasse très fort. Pour les Van Van, après 15 ans, il va falloir convaincre ! Ce concert, ça va aussi être une belle façon de rendre hommage à Juan Formell, qui n’est plus sur scène, mais est toujours présent dans les compositions et la couleur musicale du groupe emmené maintenant par ses fils. C’est un concert qui va honorer les 50 ans de cette formation emblématique de Cuba, avec à l’occasion de cette reprise, un invité spécial Alexander Abreu.

Peux-tu nous parler des principales têtes d’affiche de cette nouvelle édition ?

Il y aura des grosses balises musicales, une le vendredi avec Los Van Van, une le samedi avec le projet Con Tumbao all stars avec Issac Delgado, Alain Pérez, Oscar Hernandez, Robby Ameen, Pedrito Martinez, Marcos Lopez, Conrad Herwig, Bob Franceschini, Mike Rodriguez et Juan Munguia. Isaac Delgado, c’est dix à quinze ans de discussions pour l »amener à Vic ! Entre ces soirées, il y aura un plateau des plus excitant avec Pacific Mambo Orchestra et surprenant avec une jeunesse fougueuse qui veut se faire sa place (Interactivo et London Afrobeat Collective, NDLR).

Tempo Latino, c’est le « In », mais c’est aussi le « Off », où l’on retrouve des formations moins médiatiques mais d’un niveau stratosphérique comme Son Del Salon, Ocho y Media ou Orkesta Mendoza récemment. Qui nous recommandes-tu de voir cette année ? (Le Off sera suppléé cette année par une soirée spéciale Tempo Latino Social Club avec à l’affiche l’excellent combo japonais Minyo Crusaders, NDLR)

Cette année, on aura un plateau plein de « typicité » sudaméricaine avec los Wemblers, La Vuelta, los Guayabo Brothers et le retour de La Cumbia Chichara et son esprit méridional. On aura aussi Salsafon pour la présentation de son dernier album.

Tempo Latino est indissociable de sa scène, les Arènes de Vic-Fezensac. En quoi ce lieu participe-t-il à la magie du festival ?

Parce que, justement, c’est un lieu ! Un lieu de mémoire, un lieu d’émotions… Mais c’est aussi un lieu sans privilèges, où il n’y a pas de classification sociale. Un prix d’entrée pour s’installer où chacun le souhaite et une acoustique de plein air, la meilleure ! Les seuls privilégiés, ce sont les artistes, car la scène leur est réservée exclusivement ! Quand les nouveaux venus regardent cette arène pleine à craquer, gourmande de musique, tout peut arriver…

Quand on parle de Tempo Latino aux artistes, on a parfois l’impression qu’ils évoquent un membre de leur propre famille. Par exemple, Amparo Sánchez avait des souvenirs très émus d’un confit de canard partagé avec l’équipe…

Oui, c’est vrai ! J’ai aussi une anecdote avec Giovanni Hidalgo, mais avec un magret de canard, des échanges de cigares avec Compay Segundo, un énorme bouquet de fleurs pour Celia, un miroir pour Diego El Cigala, pour savoir qui est le plus beau, Raúl Paz, médusé de rencontrer dans les loges Miss « c’était écrit dessus » Gers…  et il sait bien lire, Raúl ! De l’Armagnac Delord pour tous, avec parfois des demandes spéciales…le café au lait pour Oscar, le champagne pour Jocelyne Berroir de Kassav, adorrrable, toujours de l’Armagnac pour SoulJazz Orchestra ou Antibalas, les Chihuahuas d’Olga Giot, Willie Colón qui s’échauffe comme un boxeur avant de monter sur scène en frappant dans mes mains et tout le reste… Hola Familia !

Cette notion de famille, on la retrouve aussi dans le public, qui vient des quatre coins de France et aussi du monde entier…

Hé oui, en 26 ans de Tempo, au niveau fréquentation nationale, nous avons accueilli et présenté des artistes d’au moins 37 pays différents des 4 ou 7 coins du monde avec un public largement Européen qui vient chercher autre chose, un esprit, des rencontres musicales rares ou inédites, qui aime parler espagnol, boire des verres et du vin de pays…

Le cœur du festival, c’est les musiques afro-cubaines, mais la programmation s’ouvre à d’autres sonorités calientes. On a ainsi pu voir passer sur scène Antibalas, Souljazz Orchestra, Calypso Rose ou encore Plaza Francia…

 Et il y en aura d’autres encore, dès cette année et plus tard, si le Connaud Virus arrête de nous gâcher l’existence !


INFORMATIONS PRATIQUES


affiche tempo latino 2022
Affiche Tempo Latino 2022
  • ÉVÉNEMENT : Festival Tempo Latino
  • LIEU : Arènes de Vic-Fezensac
  • ADRESSE : 18-20 Av. Edmond Berges, 32190 Vic-Fezensac
  • DATES : du 28 au 31 juillet 2022
  • TARIFS : 35.80 € / Pass 3 jours : 86.70 €
  • RENSEIGNEMENTS : www.tempo-latino.com