L’immobilisme, très peu pour lui ! Si la danse est mouvement, Israel Galván en est la parfaite incarnation, lui qui n’a eu de cesse d’insuffler depuis 25 ans un nouvel esprit au flamenco. Au fil de son parcours, chacune de ses créations marque une étape dans sa quête d’une danse vivante et désireuse de s’affranchir des carcans de la tradition. Avec Locomoción Templar el templete, en première mondiale au Théâtre des Abbesses, le bailador sévillan se réinvente une nouvelle fois pour le plus grand plaisir des aficionados.
Israel Galván, un artiste total
Depuis ses premiers travaux personnels en 1998 avec Los Zapatos Rojos, Israel Galván a franchi une ligne, celle qui consiste à ne pas seulement bien danser, mais à décliner des propositions artistiques qui vont au-delà de la simple virtuosité.
« Le flamenco est un monstre qui grandit et chaque artiste flamenco est un créateur… Nous mourrions en tant qu’artistes si nous ne prenions pas ce risque. » nous disait-il ainsi l’an passé avant la représentation de Mellizo Doble aux côtés de Niño de Elche.
Pour Israel Galván, le flamenco est un espace de créativité qui se doit d’interroger une multitude d’expressions artistiques et de temporalités. Bien entendu, Locomoción Templar el templete, sa toute dernière création, coche toutes les cases de ce mantra artistique qui l’anime depuis toujours.
Locomoción Templar el templete, entre architecture, littérature et mouvement.
Sur la scène du Théâtre des Abbesses, Israel Galván, deux musiciens et une comédienne entament un dialogue dans lequel percussions, cuivres, zapateados et voix s’immiscent dans les interstices du flamenco. Tout ici est question de rythme, de respiration, d’explorer la sensation du templar, un terme désignant l’état de suspension qui précède le mouvement du danseur, le geste musical, mais aussi que la quiétude du toréador…
S’inspirant des écrits de José Bergamín sur la tauromachie, Israel Galván s’est demandé, face à la majesté du Tempietto de Bramante, si l’animal était le temple ou s’il était lui l’animal. Lui vient alors l’idée de jouer avec l’immobilité de la structure et de la tempérer, de la même façon qu’un toréador tempère un taureau :
« L’action de tempérer consiste à rythmer la vitesse de mouvement que le torero imprime à la muleta avec la vitesse de l’attaque du taureau. Tempérer un taureau a toujours été la même chose : réduire la vitesse de son attaque. Belmonte disait que le taureau doit entrer comme un ouragan dans la muleta et en sortir comme une brise. » nous dit-il.
Ainsi, dans Locomoción Templar el templete, Israel Galván se frotte les mains comme s’il avait de la terre dessus avant de danser. C’est sa façon de tempérer avant de se lancer sur un rythme ou un air traditionnel andalou.
Il explore également dans cette création les caractéristiques acoustiques de l’architecture qui l’entoure. Ainsi, face au Tempietto de Bramante, une multitude de questions se sont ainsi imposées à lui.
Comment sonne le Tempietto ?
Comment parle le Tempietto ?
Comment danse le Tempietto ?
Un spectacle protéiforme, à la croisée du flamenco, de l’architecture et de la littérature – Kafka et García Lorca sont également cités – dans lequel Israel Galván invite une fois de plus le flamenco à se confronter au vertigineux champ des possibles.
INFORMATIONS PRATIQUES
- TITRE : Locomoción Templar el templete
- DE : Israel Galván
- LIEU : Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses 75018 Paris, M° Abbesses ou Anvers
- AVEC : Israel Galván, Ilona Astoul, Antonio Moreno (percussions) et
Juan Jimenez Alba (saxophone et instruments à vent)
DATES : Du 15 au 24 février 2024 - RENSEIGNEMENTS : www.theatredelaville-paris.com
- TÉLÉPHONE : 01 42 74 22 77
