Dès ses débuts, la jeune réalisatrice Mar Coll a su se faire une place dans le riche panorama du cinéma espagnol. Ainsi, avec son premier long métrage Tres días con la familia (2009), la réalisatrice catalane a remporté le Goya du meilleur nouveau réalisateur. Dans Salve Maria, elle change de cap et d’un cinéma naturaliste, lyrique et axé sur les dialogues passe à un thriller psychologique qui aborde la maternité et la dépression post-partum d’une façon jamais vue jusque-là.
L’univers féminin au centre du récit de la filmographie de Mar Coll
L’univers féminin et les histoires de femmes sont les sujets de prédilection de Mar Coll. Avec son première court métrage, La última polaroid (2004), la réalisatrice nous ramenait à notre enfance en révélant les sentiments et les émotions de deux amies devant se séparer. Dans Tres días con la familia, Lea, la protagoniste du film, doit rentrer de France pour assister à la veillée funèbre et aux funérailles de son grand-père. Enfin, dans Todos queremos lo mejor para ella (2013), nous suivions à Geni une femme d’âge mûr ayant survécu à un accident de la route qui lui a laissé d’importantes séquelles.
Quand elles décident avec sa co-scénariste Valentine Viso de se lancer dans un troisième long métrage, elles se tournent tout naturellement – étant toutes deux jeunes mères – vers le thème de la maternité : « Salve Maria est l’adaptation du livre de Katixa Agirre – Las Madres no – qui démystifie la maternité en s’attaquant au tabou des tabous, l’infanticide. Il a eu beaucoup de succès en Espagne et il a également été publié en France (sous le titre Pas les mères). On avait donc beaucoup échangé, ensemble, sur la maternité. Un sujet dont on a perçu très vite le potentiel cinématographique, tant il implique un changement radical, dans nos corps comme dans nos vies de femmes. Et puis on avait envie de changement nous aussi, d’essayer un autre langage cinématographique comme celui du thriller, donc tout convergeait ! Le simple fait de nous lancer dans une adaptation constituait déjà en soi un défi intéressant », explique la réalisatrice.

Une jeune mère en souffrance
Avec l’arrivée d’un bébé à la maison, la vie des parents subit un changement important auquel il faut s’habituer au fil du temps. Mais ce sont le plus souvent les mères qui se retrouvent en première ligne. La prise en charge du nouveau-né peut être une source de stress et d’anxiété pour certaines femmes qui ne savent pas toujours comment y faire face.
María, la protagoniste du film, se trouve confrontée à cette situation : allaitement douloureux, bébé qui vomit en raison du reflux gastrique, peu d’heures de sommeil… Pendant ce temps-là, le père, incarné par Oriol Pla, est soit occupé, soit absent et tarde à prendre son congé paternité. Il ne trouve jamais le temps de lui apporter son soutien. Dans ce contexte, cette jeune écrivaine qui vient tout juste de devenir mère pour la première fois, se penche de façon quasi obsessionnelle sur un fait divers perpétré non loin de chez elle par une femme qui a noyé ses deux jumeaux de 10 mois.

Pour incarner María, la réalisatrice a choisi Laura Weissmahr qui fait une interprétation frappante de cette jeune maman en souffrance et qui a reçu le Goya à la meilleure révélation féminine pour ce rôle. « Laura n’était pas connue en Espagne avant Salve Maria. Je l’ai rencontrée par hasard, au théâtre. Je commençais le processus du casting, je suis donc allée lui parler après la pièce, car je trouvais son visage très intéressant. J’aimais beaucoup ce que je voyais d’elle, mais elle me semblait trop jeune pour le rôle. Et puis elle a passé l’audition et je l’ai adorée. Par la suite, on a beaucoup répété et elle a apporté énormément sur la partie irrationnelle du personnage de Maria », ajoute Mar Coll.
Crédits photos : Dulac Distribution (photo de couverture)
FICHE DU FILM

- Titre original : Salve Maria
- De : Mar Coll
- Avec : Laura Weissmahr, Oriol Pla, Giannina Fruttero
- Date de sortie : 20 août 2025
- Durée : 1h51
- Distributeur : Dulac Distribution