Vous êtes au désespoir car vous n’avez pu accrocher une place pour voir Natalia Lafourcade au Zèbre de Belleville ? Remettez de suite votre mouchoir dans votre poche car ce concert de Silvana Estrada, l’un des plus beaux fleurons de la canción mexicana, vaut bien plus qu’un simple lot de consolation. À tout juste vingt-cinq ans, la jeune chanteuse originaire de Xalapa dans l’État de Veracruz s’est déjà taillée une solide réputation tant au Mexique que dans tout le continent sud-américain. La raison d’un tel succès ? Une maturité artistique impressionnante et des chansons viscérales, sensibles, belles à se damner. Dans une petite dizaine d’années, quand elle remplira sans forcer un Trianon ou un Bataclan, vous pourrez dire crânement que ce soir-là, au Zèbre de Belleville, vous y étiez…


Silvana Estrada, un talent précoce

Née dans une famille où la musique est omniprésente, ses parents passant l’essentiel de leurs journées à jouer, composer et confectionner des instruments, le destin de Silvana Estrada semblait d’emblée tout tracé. Dès son plus jeune âge, elle apprend le violon, l’alto, le piano ainsi que le cuatro. Après avoir étudié le jazz à l’université de Veracruz, elle part, tout juste majeure, à New York pour lancer sa carrière musicale. Elle y enregistre un premier single, Te Guardo, au succès foudroyant, avant de faire la rencontre du fameux guitariste de jazz Charlie Hunter, avec lequel elle enregistre à tout juste vingt ans son foisonnant premier album, Lo Sagrado (2017).

Te Guardo de Silvana Estrada (2017)

Même si cette aventure américaine est couronnée de succès, Silvana Estrada fait le choix de rentrer au Mexique et pose ses valises à Mexico. Là encore, les collaborations de haute volée s’enchaînent, comme en témoigne cette impeccable version de La Llorona sur laquelle on la retrouve aux côtés de sa compatriote Natalia Lafourcade et de la chilienne Mon Laferte.

La Llorona interprétée par Natalia Lafourcade, Silvana Estrada et Mon Laferte (2018)

Marchita, un second album majeur

Les grandes douleurs sont muettes ? Il y a du vrai dans ce dicton et Silvana Estrada a certainement dû laisser couler un peu d’eau sous les ponts avant de composer Marchita, son second album studio. Poignant de bout en bout, Marchita a pour toile de fond une difficile rupture sentimentale, de celles qui vous laissent groggy, dévasté, avec pour seul horizon un vaste champ de ruines à contempler. Exprimer ses sentiments à travers les paroles et la musique vont petit à petit l’aider à se reconstruire. Chanter pour exorciser la douleur, prendre de la distance, de la hauteur et finalement se réapproprier cette relation consumée, en faire le bilan, se rappeler de tout, les pires comme les meilleurs moments… Marchita, c’est un peu ça, cet étrange calme après la tempête…

Silvana Estrada – Marchita (2022)

Un album intimiste sur lequel la chanteuse se met à nu, mais avec pudeur, distance et retenue. Particulièrement saisissante, l’instrumentation, d’une remarquable sobriété, est au diapason, entremêlant arpèges de guitare, accords de cuatro et envolées de cordes étourdissantes. Quant à la voix, aérienne mais brisée, c’est celle d’un oiseau blessé qui ne demande qu’à revoler.

Radicalement différent de Lo Sagrado, plus orienté jazz, Marchita est un superbe recueil de canciones mexicanas interprétées par une jeune artiste dont nous n’avons pas fini d’entendre parler.

C’est donc dans le cadre intime et feutré du Zèbre de Belleville que vous pourrez découvrir cette nouvelle étoile de la chanson mexicaine. Frissons garantis !

Crédits photo : Silvana Estrada © Zart Agency


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche de Silvana Estrada au Zèbre de Belleville
  • ARTISTE : Silvana Estrada
  • LIEU : Le Zèbre de Belleville
  • ADRESSE : 63 Bd de Belleville, 75011 Paris M° Belleville
  • DATE & HORAIRE : le 11 juillet à 20h
  • TARIFS : 27 – 30 €
  • RENSEIGNEMENTS : www.lezebre.com