Autant célébré pour son travail au théâtre, en littérature ou en poésie, le réalisateur Eugène Green – né à New-York mais résidant à Paris depuis 1969 – est un authentique homme de lettres au sens le plus large du terme. Au cinéma, il s’est imposé avec des œuvres singulières telles que La Religieuse portugaise (2008), En attendant les barbares (2017) ou Attarabi et Mikelats (2021). Son nouveau film, L’arbre de la connaissance, présenté en avant-première mondiale au Fantastic Fest, prolonge cette démarche artistique. Le cinéaste y propose un conte aux accents fantastiques qui esquisse un portrait à la fois critique et poétique du Portugal contemporain.


Une passion portugaise

Avec L’arbre de la connaissance, Eugène Green pose pour la quatrième fois sa caméra au Portugal. Une passion lusitaine qui l’anime depuis très longtemps car dès sa jeunesse, le cinéaste américain se sentait profondément attiré par la riche culture du pays du fado.

« C’est une sorte d’affinité élective. Ça ne s’explique pas rationnellement. Peut-être qu’un psy lacanien y trouverait une explication, mais pour moi, c’est juste une affinité que j’ai toujours ressentie, même avant d’aller au Portugal. J’avais commencé à apprendre le portugais dans les années 70, quand j’étais étudiant, et j’arrivais un peu à le lire. En découvrant cette langue j’ai ressenti quelque chose de comparable à ce que j’avais vécu avec la langue française : j’avais l’impression de me rappeler quelque chose que je savais déjà et que j’avais oublié. Ça éveillait un souvenir, quelque chose de très obscur et de très lointain, mais qui était là, comme une chose réelle. J’ai peut-être vécu dans une autre vie au Portugal et en portugais », explique-t-il.

Image du film L'arbre de la connaissance
Image du film L’arbre de la connaissance © JHR Films (2025)

Un film a la théâtralité audacieuse et ludique

L’idée du film s’est imposée à Eugène Green au cours du tournage à Lisbonne du court-métrage Comment Fernando Pessoa sauva le Portugal (2017). Dès 2021, le réalisateur déclarait se sentir de plus en plus dérangé par le tourisme de masse et de ses incidences sur la ville. Il a ainsi imaginé l’histoire d’un adolescent, Gaspar (Rui Pedro Silva), en fugue, enlevé par un ogre (Diogo Dória) et de son serviteur Leitão (João Arrais) qui a le pouvoir de transformer les touristes en animaux.

Image du film L'arbre de la connaissance
Image du film L’arbre de la connaissance © JHR Films (2025)

Ainsi, L’Arbre de la connaissance s’impose comme un film à la théâtralité assumée, où êtres humains et animaux interagissent à la manière des fables de La Fontaine, mais avec une touche fantastique évoquant Alice au pays des merveilles, notamment lors des séquences mettant en scène la reine fantomatique Dona Maria (Ana Moreira) ou la femme-serpent.

Voici un conte captivant qui explore le Portugal d’aujourd’hui tout en racontant une histoire d’amour intemporelle, aussi touchante que singulière.

Crédits photos : JHR Films (photo de couverture)


FICHE DU FILM


Affiche l'arbre de la connaissance
Affiche L’arbre de la connaissance d’Eugène Green (2025)
  • Titre original : À Àrvore do Conhecimento
  • De : Eugène Green
  • Avec : Rui Pedro Silva, Diogo Dória, Ana Moreira, João Arrais
  • Date de sortie : 19 novembre 2025
  • Durée : 1h40
  • Distributeur : JHR Films