C’est au XIXème siècle avec la découverte des premiers sites préhistoriques que la fascination pour la Préhistoire atteint son paroxysme. Grâce aux relevés d’art préhistorique produits par des chercheurs, scientifiques et historiens lors d’expéditions menées aux quatre coins du monde, les musées ont rapidement pu dévoiler au public la foisonnante étendue de l’art rupestre. En partenariat avec l’Institut Frobenius de Francfort, le musée de l’Homme vous propose aujourd’hui une exposition mettant à l’honneur ces relevés d’art préhistorique, des productions uniques qui nous ont tant appris sur nos ancêtres.


Un tour du monde préhistorique

La première partie de l’exposition Préhistomania porte sur l’art rupestre à travers le monde. Vous retrouverez ainsi sur les murs du musée une sélection de relevés emblématiques en grand format venus d’Afrique australe, du Tchad, d’Afrique du Nord, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d’Europe.

Les relevés, peintures sur papier reproduisant les œuvres peintes ou gravées, sont des œuvres d’une incommensurable valeur historique et scientifique car elles restent les uniques témoins d’une époque révolue. Ainsi, comme le dit Richard Kuba, conservateur des collections de l’institut Frobenius à l’université Goethe de Francfort et l’un des commissaires de l’exposition, c’est « grâce aux relevés et aux photographies de l’époque, qu’il est possible de reconstruire numériquement les peintures rupestres endommagées. »

Le musée de l’Homme retrace alors le parcours de grandes figures telles que l’abbé Breuil, surnommé en son temps le « pape de la Préhistoire », qui contribua à la découverte des grottes de Font-de-Gaume et de celle des Combarelles, dans la vallée de la Vézère, puis à l’authentification des peintures de la grotte d’Altamira en Espagne ainsi qu’à l’expertise de la grotte de Lascaux.

Photo du relevé Institut Frobenius Francfort-sur-le-Main
Photo du relevé © Institut Frobenius Francfort-sur-le-Main

Avec une trentaine de relevés exposés, vous découvrirez également les œuvres de Leo Frobenius, ethnologue d’origine allemande mondialement reconnu pour la beauté, la précision et la taille de ses productions réalisés dans les années 1930.

Parmi les trésors des collections du musée de l’Homme, vous pourrez également admirer les relevés d’Henri Lhote, explorateur et autodidacte à qui l’on doit les fascinantes images du Sahara vert de l’époque Néolithique. Des relevés qui montrent des girafes, des éléphants et des groupes d’humains qui chassent ou conduisent des troupeaux.

Enfin, vous retrouverez aussi les relevés de Gerard Bailloud, préhistorien qui a fait connaître l’Ennedi, l’art rupestre de la région saharienne du Tchad, célébré pour la richesse et la beauté de ses peintures.

Les relevés, source d’inspiration pour les artistes du XXème siècle

Après la rencontre de Leo Frobenius avec l’abbé Breuil en 1929 à Johannesburg, l’éthologue allemand réussit à se faire petit à petit une place dans le milieu scientifique et artistique parisien. Il parvient ainsi à organiser deux expositions dans la Ville lumière. La première prend place à la Salle Pleyel tandis que la seconde aura lieu au Musée d’ethnographie du Trocadéro, qui deviendra à partir de 1937 le musée de l’Homme.

Leo Frobenius entreprend également une tournée dans plusieurs villes européennes : Amsterdam, Bale, Zurich, Rome, Vienne, Berlin, Oslo et Bruxelles. Cerise sur le gâteau, le très prestigieux Museum of Modern Art (MomA) de New York accepte d’accueillir son travail !  Dans ce contexte, les 150 relevés d’art rupestre africain et européen seront présentés au public aux côtés d’œuvres modernes sans aucune information historique pour les accompagner.

Photo du relevé MNHN J.C. Domenech
Photo du relevé © MNHN J.C. Domenech

La troisième partie de l’exposition aborde la mise en lumière de ces relevés ainsi que l’influence des œuvres préhistoriques dans l’art moderne. Vous retrouverez alors des peintures que le Centre Pompidou a prêtées au musée de l’Homme pour cette exposition. Ainsi, vous pourrez constater que des artistes comme Paul Klee, Jackson Pollock ou encore Wilfredo Lam se s’appuient volontiers dans leurs toiles sur des motifs, des couleurs et des symboles empruntés aux artistes de la Préhistoire.

Les relevés aujourd’hui

Même si les recherches de terrain ont considérablement évolué depuis l’époque des pionniers de la Préhistoire, la pratique du relevé reste encore d’actualité. En revanche, l’élaboration de ces œuvres se montre bien moins invasive et s’effectue dans la plupart par le biais de photographies. C’est un processus collectif dans lequel interviennent de nombreux spécialistes dans le but d’éviter d’endommager les peintures.

Une avancée capitale au regard de l’extrême fragilité de ces œuvres. D’ailleurs, pour leur épargner également les dommages collatéraux du tourisme de masse, certains sites, comme les célèbres grottes d’Altamira ou de Lascaux, ne sont plus visibles que sous la forme de reconstitutions grandeur nature. Malheureusement, cette pratique reste minoritaire et une grande partie des relevés présentés dans l’exposition Préhistomania laissent contempler des œuvres aujourd’hui disparues, en particulier sur le continent africain où les activités humaines ou parfois tout simplement la nature les ont irrémédiablement effacées.

Crédits photo principale : © Institut Frobenius Francfort-sur-le-Main


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche du expo Préhistomania
Affiche de l’exposition Préhistomania au musée de l’Homme (2024)
  • TITRE : Préhistomania
  • LIEU : Musée de l’Homme
  • ADRESSE :  Place du Trocadéro 75016 Paris
  • HORAIRES : tous les jours de 11h00 à 19h00, sauf le mardi
  • DATES : jusqu’au 20 mai 2024
  • ENTRÉE :  13 – 10 €
  • RENSEIGNEMENTS : Musée de l’Homme