Vous ne le savez peut-être pas, mais vous le connaissez déjà, tant ses squelettes en mouvement et ses fameuses têtes de mort riant aux éclats font partie de l’imaginaire collectif mexicain. Chose rare et qui ne se produit qu’avec les grands artistes – ceux dont les créations sont si puissantes qu’elles traversent les époques – ses gravures nous fascinent encore aujourd’hui. Le musée de l’image d’Épinal vous invite ainsi à plonger sans retenue dans l’univers de Posada, l’un des plus emblématiques maestros de la gravure.


Le parcours fulgurant de Posada

Né en 1852 à Aguascalientes au sein d’une famille d’artisans, Posada fait ses études à l’Académie locale des Arts & Métiers. Il se lance dans la gravure à 19 ans, d’abord comme apprenti aux côtés de José Trinidad Pedroza, avec une première série de lithographies satiriques du gouverneur en place à l’époque. Ces premières créations qui feront grand bruit dans la région sont révélatrice de l’excellence de sa formation.

Après un passage par la ville industrielle de León dans laquelle il ouvre un atelier, Posada débarque en 1888 dans la capitale mexicaine. Il s’installe alors en plein centre-ville, dans le quartier des libraires, imprimeurs et autres éditeurs. Précédé d’une forte notoriété en tant que dessinateur, il reçoit rapidement des commandes et commence à travailler avec l’éditeur Ireneo Paz, grand-père de l’écrivain Octavio Paz.

De cette époque, on retrouve des ouvrages d’une grande variété. En effet, Posada travaille pour la presse ouvrière, mais aussi pour des revues littéraires, des journaux satiriques et illustre même de superbes livres de cuisine française.

Posada, El Clown mexicano n° 4, gravure au burin sur plomb vers 1891, Ed Vanegas Arroyo © Coll. Mercurio López Casillas, Mexico

Sa rencontre avec Antonio Vanegas Arroyo

Sa rencontre avec l’éditeur Antonio Vanegas Arroyo marquera à jamais sa carrière. C’est d’ailleurs pour cet éditeur talentueux et plein de ressources qu’il réalise la plupart de ses chefs-d’œuvre.

Vanegas Arroyo, qui travaille de façon artisanale et se considère lui-même comme un « éditeur populaire », recourt à la presse typographique et à du papier bon marché en dépit des innovations techniques qui sont en train de bouleverser le milieu de l’édition.

Cet éditeur aguerri destine ses publications à un public d’ouvriers, d’artisans et de petits commerçants qui apprécient tout particulièrement l’ironie et l’humour irrévérencieux des gravures de Posada. À contrario, la haute société méprise souverainement son travail, ce qui l’empêchera très probablement d’être reconnu à juste titre en tant qu’artiste.

Posada, Ejemplar y ciertísimo suceso en la República de México: las verdaderas causas del temblor del dia 2 de noviembre de 1894, gravure au burin sur plomb, éd. Vanegas Arroyo © Coll. Mercurio López Casillas, Mexico

Des ouvrages exposés

Dans l’exposition, vous retrouverez des cuadernillos, des petits livrets, à l’image de la Bibliothèque bleue publiée à l’époque en France, des jeux des cartes, des livres d’astrologie, des tours de magie, des recueils de chansons et contes pour enfants ou des canards de deux pages vendus à la criée.

Sur chaque pièce ressort l’incroyable finesse des traits, du dessin et de la gravure réalisés par Posada. Le musée de l’Image d’Épinal a même agrandi la gravure intitulée El clown mexicano sur tout un pan de mur pour que vous puissiez mieux en apprécier tous les détails.

Les fameux calaveras sont aussi présentes au musée. Il s’agit d’un motif qui était déjà utilisé par Manuel Manilla, un artiste qui a particulièrement influencé l’œuvre de Posada. Les calaveras de ce dernier sont des êtres animés qui nous donnent l’impression qu’elles peuvent à tout moment s’échapper de leur support pour se mettre à danser sous nos yeux. Le Mexicain peint des squelettes bien vivants, qui bougent et rient, à mille lieues de l’image sombre et morbide de la Mort telle qu’on la véhicule en Europe.

Cerise sur le gâteau, l’exposition s’achève sur l’image de La Catrina, une figure féminine, ultime représentation de la Mort qui s’est imposée au fil du temps comme une véritable icône.

Ironie du sort, ce génial artiste meurt dans l’anonymat et la pauvreté la plus absolue. La Catrina ne sera publiée que quelques mois après sa mort et ce sont des années plus tard, quand Diego Rivera l’utilisera dans sa fresque Songe d’un dimanche après-midi dans les jardins de l’Alameda (1947), que Posada et son œuvre passeront à la postérité.

Posada, Calavera de Don Quichotte – Esta es de Don Quijote la primera, la sin par, la gigante calavera, gravure au burin éd. Vanegas Arroyo, © Coll. Mercurio López Casillas, Mexico

Crédits photos : Posada, Gran fandango y fracanchela con música y borrachera, gravure au burin, Ed. Vanegas Arroyo Coll. MUDAAC, dépôt au musée de l’Image, Épinal / cliché H. Rouyer (photo de couverture)


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche de l’exposition Posada, génie de la gravure
  • TITRE : Posada, génie de la gravure
  • ADRESSE : 42, quai de Dogneville 88000 Épinal
  • HORAIRES D’OUVERTURE : tous les jours de 9h30 à 12h et de 14h à 18h. Ouverture à 10h les dimanches et jours fériés. Fermé le lundi matin.
  • DATES : jusqu’au 19 septembre 2022
  • TARIF : 6 € – 4.50 €
  • RENSEIGNEMENTS : Musée de l’image d’Epinal