Pour fêter les dix ans de la sortie de Bagüala de la Siesta, son premier album studio, le duo argentin Las Hermanas Caronni nous donne rendez-vous le 3 mars sur la scène du Studio de l’Ermitage. Un événement qui nous permettra de nous (re)plonger dans l’œuvre fondatrice de ce groupe unique en son genre qui, en croisant musique classique, tango et folklore argentin tout en laissant vagabonder librement son inspiration, a complètement redéfini le champ des possibles de la musique traditionnelle sud-américaine.


Comme un air de liberté

La musique ? Ces deux sœurs jumelles nées à quelques minutes d’intervalle seulement ne connaissent que ça !

Dès leur plus jeune âge, les chants traditionnels italiens de leur père résonnent dans la maison familiale de Rosario. Il n’est pas rare que les repas se concluent en musique et en chanson ! Laura et Gianna suivent ainsi très jeunes une formation musicale classique, d’abord à Rosario, puis à Buenos Aires. Laura choisit le violoncelle, Gianna la clarinette et toutes deux intègrent l’Orchestre Académique du Teatro Colon, l’Opéra de Buenos Aires où elles croiseront notamment Jordi Savall, Rostropovitch ou Luciano Pavarotti. Collectionnant les récompenses et autres distinctions, leurs destinées de musiciennes d’orchestre symphonique semblent alors toutes tracées… mais un voyage en Europe en décidera autrement…

En 1997, Laura est choisie pour intégrer l’orchestre franco-argentin avec lequel elle tournera en France et en Argentine. Elle poursuivra ensuite ses études au C.N.R. de Lyon et au C.M. de Paris. En parallèle, elle joue puis enregistre le premier disque de « La Tipica », le grand orchestre de tango de Juan Cedrón. Elle se produit alors dans les bals tango parisiens au Cabaret Sauvage et à la Maroquinerie. En 2001, elle intègre le Théâtre Talipot de l’île de la Réunion comme violoncelliste. Elle y restera trois ans.

En 1998, Gianna obtient quant à elle une bourse de l’Ambassade de France et du Fondo Nacional de las Artes argentin pour poursuivre ses études en France. Elle remporte la médaille d’or à l’unanimité du jury au C.N.R. de Lyon et obtient dans la foulée son Diplôme d’État de professeur de clarinette.

En 2004, les deux sœurs se retrouvent et fondent leur duo, Las Hermanas Caronni, d’abord en format jeune public sur une mise en scène de Caroline Loeb pour le JMF en 2006 et 2007, puis, pour tout public à partir de 2009. À cette époque, une rencontre sera déterminante, celle avec le maestro Juan Carlos Cáceres, qui les invitera à jouer sur ses disques et les encouragera à poursuivre leur propre voie.

Seconde édition de Bagüala de la Siesta de Las Hermanas Caronni (2016)

En 2011 sort ainsi Bagüala de la Siesta, un premier album auto-produit qui, bien que sorti en catimini, sans réels moyens de promotion, sera rapidement repéré et encensé par la critique spécialisée. Les concerts s’enchaînent, le public est au rendez-vous et trois albums verront encore le jour au cours de cette décennie. Bagüala de la Siesta sera même réédité en 2016 dans une édition entièrement remasterisée.

Bagüala de la Siesta ou l’art de la dualité

Embrasser dans un même élan musiques populaires et savantes, minimalisme et flamboyance, rigueur classique et créativité, nostalgie abyssale et infinie légèreté, tout semble n’être chez les sœurs Caronni qu’un époustouflant numéro d’équilibriste au bout duquel un seul et même constat finit par s’imposer : Gianna et Laura ont créé leur propre langage et notre perception même de la musique traditionnelle argentine a changé.

Face à des titres tels que Los Ejes de Mi Carreta ou Antigona, qui résonnent comme d’authentiques classiques, comment pourrait-il en être autrement ?

Antigona de Las Hermanas Caronni

Dans ce coup d’essai que l’on considérera comme un coup de maître, Gianna et Laura Caronni nous embarquent dans leur Argentine plurielle, celle où immigrants italiens, arabes ou espagnols finissent toujours par se retrouver autour d’un tango, d’une milonga ou d’une chacarera. Le Brésil et son instrument emblématique, le berimbau, ne sont pas loin non plus et ce sont eux qui leur inspirent Chelimbao, lumineux morceau d’ouverture initié par le violoncelle affûté de Laura sur lequel la clarinette de Gianna déploie des trésors de mélodies inspirées.

Autre grand moment d’émotion, El Jarrito, sur lequel les deux sœurs mettent en musique un poème composé par leur propre père. Après deux reprises parfaitement exécutées d’Alfredo Zitarrosa et de Domingo Federico, Las Hermanas Caronni nous emmène avec Galopando au cœur de la pampa argentine avec une troublante chacarera.

Le voyage s’achève avec le bien nommé Bagüala de la Siesta, ballade onirique dépouillée jusqu’à l’os dans laquelle les deux sœurs se cherchent, puis se trouvent, au terme d’harmonies vocales tout simplement époustouflantes.

Bagüala de la Siesta de Las Hermanas Caronni

Un album aussi précieux aujourd’hui qu’il ne l’était il y a dix ans et que vous pourrez (re)découvrir en intégralité le 3 mars prochain sur la scène du Studio de l’Ermitage. Frissons garantis !      

Vous pouvez également écouter en intégralité Bagüala de la Siesta sur leur chaîne Youtube, mais le soin apporté à la réalisation du CD qui inclue un remarquable et exhaustif livret en font un objet dont vous ne regretterez sûrement pas l’acquisition !


FICHE CONCERT


Affiche concert Las Hermanas Caronni au Studio de l’Ermitage
  • ARTISTE : Las Hermanas Caronni
  • LIEU : Studio de l’Ermitage
  • ADRESSE : 8 rue de l’Ermitage 75020 Paris M° Ménilmontant
  • DATE : le 3 mars 2022
  • HORAIRE : 20h30
  • TARIF : 18-20 €
  • RENSEIGNEMENTS : www.studio-ermitage.com