Prix du jury au dernier festival de Sundance, Utama. La terre oubliée est le premier long métrage d’Alejandro Loayza Grisi. Avec cette magnifique fable, le jeune réalisateur relate l’histoire d’amour d’un couple d’Indiens Quechuas âgé et évoque également leur profond sentiment d’appartenance à leur terre… même lorsque celle-ci devient inhabitable.


Un couple face à l’adversité

C’est au beau milieu de l’altiplano bolivien qu’habitent Sisa et Virginio. Leur humble quotidien se déroule paisiblement selon une routine presque millénaire. Sur cette terre aride et crevassée, le temps semble s’être arrêté et la pluie bienfaitrice avoir disparu à jamais. Seul le soleil brillant sous un ciel bleu limpide et profond accompagne leurs allées et venues.

Dans ces vastes paysages, Virginio se promène inlassablement avec son troupeau de lamas à la recherche d’eau et de rares pâturages. Sisa tient quant à elle la maison et est obligée de marcher des kilomètres pour rejoindre la source d’eau la plus proche, située dans le village voisin.

En dépit de ces difficultés, les deux octogénaires, très attachés à leur terre, n’envisagent pas de partir même lorsque leur petit-fils, Clever, leur rend visite et essaye de les convaincre de rejoindre le reste de la famille installée en ville depuis longtemps.

Virginio et Sisa © Condor Distribution

La symbolique du Condor

À quatre-vingts ans, la santé de Virginio se dégrade petit à petit. Sa respiration se fait plus lourde et sifflante. Le vieillard se sait gravement malade, mais décide, pour ne pas l’inquiéter, de ne rien dire à son épouse et de continuer à vivre comme si de rien n’était. À l’image du Condor qui revient à la fin de sa vie dans son nid, Virginio ne veut plus quitter ce lieu qui l’a vu naître.

« Le condor est un animal sacré en Bolivie. C’est le protecteur de la montagne et il incarne la source de vie, à l’image du dégel qui, chaque année, redonne vie à la nature environnante. Il est également associé à l’immortalité et au changement de cycle. Étant donné qu’il revient dans son nid perché en haut de la montagne pour mourir, on considère qu’il s’agit d’une mort symbolique et non réelle. C’est pour cela que le condor est aussi important aux yeux de Virginio qui est conscient qu’il est temps, pour lui et Sisa, d’entamer un nouveau cycle. » Explique Alejandro Loayza Grisi.

Virginio au couchet du soleil © Condor Distribution

Avec une photographie à couper le souffler signée par l’Uruguayenne Bárbara Álvarez, l’une des meilleures chefs-opératrices latino-américaines, connue notamment pour son travail aux côtés de Lucrecia Martel (La femme sans tête, 2008) et Matías Bize (La vie des poissons, 2010), Utama. La terre oubliée est un excellent film qui nous alerte sur le changement climatique et ses conséquences néfastes sur les populations.

Bande-annonce d’Utama. La terre oubliée d’Alejandro Loayza Grisi.


FICHE DU FILM


Affiche du film Utama. La terre oubliée de Alejandro Loayza Grisi
  • Titre original : Utama
  • De : Alejandro Loayza Grisi
  • Avec : José Calcina, Luisa Quisle, Santos Choque
  • Date de sortie : 11 mai 2022
  • Durée : 1h 28 min
  • Distributeur : Condor Distribution