Entre un premier EP sorti en 2017 et ce tout premier album de Gatica, sept longues années se sont écoulées. Qu’a donc fait la chanteuse franco-chilienne durant tout ce temps ? Dans nos sociétés contemporaines rompues à la culture de l’instant, un tel silence ne manquera pas d’interroger. La réponse tient en une poignée de titres érigés comme un rempart face à la violence du monde et à son flux permanent d’injonctions.  


Née à Santiago du Chili, mais résidant à Montreuil depuis de nombreuses années, Gatica est une artiste qui a dû , par la force des choses, prendre son temps. Le temps de panser les plaies d’un corps qui l’a trahie bien avant l’heure, mais aussi le temps d’assimiler la brutalité d’un monde pesant de tout son poids sur les épaules de ceux qui n’ont pas le cœur bien accroché : « J’encaisse pas, mon meilleur ami est le doute, il me suit sur toutes les routes » confesse-t-elle ainsi dans La tête sur les épaules

Que faire de ces blessures si ce n’est de les mettre en musique pour mieux les exorciser ?

Tel est le propos de peau neuve, délicieuse chanson de renaissance sur laquelle Gatica laisse exploser toute sa joie de vivre au sortir d’épreuves qui auraient pu la terrasser :

« J’ai troqué peau de chagrin, peau de rien contre une peau nouvelle, plus grande qu’hier, prête pour demain, c’est toute une vie qui m’appelle » chante t-elle alors sur les syncopes enjouées d’un tres qui emporte sa saudade au loin.  

Gatica – Peau neuve (2024)

Ayulen, « joie » en mapudungun, langue des amérindiens mapuches, évoque quant à elle un autre éveil, celui de son Chili natal qui s’est soudainement extirpé de sa torpeur à l’automne 2019, se prenant alors à rêver de jours meilleurs où les comptes du passé seraient enfin soldés. Là encore, une chanson de renaissance, pleine d’espoir et d’allant…

Gatica – Ayulen (2024)

Altamar, un premier album lumineux

Au fil d’une douzaine de titres, Altamar tisse le portrait d’une jeune femme revenue de tout, mais plus forte que jamais, prête à prendre le monde entier dans ses bras pour l’apaiser ses tourments.

Album Altamar de Gatica
Altamar de Gatica (Daydream Music)

Avec ses textes d’une troublante sincérité, ses mélodies cajoleuses entre chanson française et latino-américaine et sa production au cordeau signée Alex Finkin de Roseaux, Altamar a tout pour conquérir le cœur d’un large public.

À en juger par les réactions enthousiastes qu’a suscité sa récente prestation en première partie de Julieta Venegas au Bataclan, l’avenir de Gatica semble en tout point radieux. À l’horizon, aucun nuage à déplorer.

Une chanteuse à suivre de près et que vous aurez l’occasion de retrouver dès le 1er mars prochain sur la scène du Café de la Danse.