Ce sont trois hommes, Enero Rey, Tilo et Negro. Trois hommes qui se retrouvent pour pêcher et passer un moment ensemble, loin du monde, sur une île à proximité du village dans lequel ils habitent. Sur le fleuve, ils soufflent, se sentent libres, même si le bateau parfois tangue, comme lorsqu’ils font face à cette raie géante qu’ils finissent par capturer. 

« Elle monte ! Elle est en train de monter !

Enero se penche par-dessus bord. Il la voit venir. Telle une immense tache, sous l’eau. Il vise et tire. Un. Deux. Trois coups de feu. Le sang monte à la surface, de grosses bulles se forment, gorgées d’eau. Il se redresse. Il range son arme. Il la cale entre la ceinture de son short et le bas de son dos. » 

Ce n’est pas un fleuve de Selva Almada © Que Tal Paris ?

L’alcool, la chaleur et l’effort des corps se mêlent aux bruissements d’une nature foisonnante que Selva Almada décrit à merveille de sa plume intensément fiévreuse. La prose de Ce n’est pas un fleuve court, fluide comme l’eau, puis tourbillonne dans les méandres du passé. Un passé marqué par la mort, comme celle du père de Tilo, Eusebio, noyé dans ce même fleuve quelques années plus tôt.

Par petites touches, la romancière argentine révèle la psychologie de ses personnages et dépeint progressivement leurs relations d’amitié. Une amitié faite de silences et de complicités, mais aussi de trahisons et de vendettas personnelles. Entre rêve et réalité, les trois hommes croisent les habitants de ce lieu reculé, où les morts font partie du paysage, au même titre que les plantes exubérantes ou les animaux de la forêt… Ce n’est pas un fleuve est une lecture passionnante le long d’un fleuve qui est tout sauf tranquille…

 

Crédits photos : Agustina Fernández (Portrait Selva Almada)


INFOS ÉDITEUR


Coverture de Ce n’est pas un fleuve de Selva Almada
  • Titre original : No es un río
  • Auteur : Selva Almada
  • Langue originale : espagnol (Argentine)
  • Traduction : Laura Alcoba
  • Publication : janvier 2022
  • Éditeur : Éditions Métailié
  • Pages : 128