Jardin d’ailleurs, le voyage sonore onirique de Gaëlle Bagot et Juan Manuel Nieto

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Certains artistes ont un don précieux, celui de parvenir à échafauder avec un naturel confondant des grammaires musicales d’une rare singularité. Avec Jardin d’ailleurs, Gaëlle Bagot et Juan Manuel Nieto s’inscrivent dans cette famille de musiciens qui, en expérimentant et en fusionnant une infinité de styles, parviennent à forger leur propre identité. Jazz, échappées latino-américaines, éclats balkaniques, fragrances classiques, chanson française, ce Jardin d’ailleurs renferme en son sein son lot de balades féériques…

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Gaëlle Bagot et Juan Manuel Nieto, l’art du duo

C’est en 2017 que Gaëlle Bagot, clarinettiste et chanteuse française, et Juan Manuel Nieto, pianiste équatorien, se sont rencontrés au sein du cursus « Jazz, musiques improvisées & musiques traditionnelles », une formation supérieure qui leur a permis de se perfectionner auprès de grands noms de la scène hexagonale tels que Vincent Ségal, Magic Malik, Julien Lourau, Bojan Z ou François Jeanneau.

Leur diplôme en poche, les deux acolytes ont multiplié chacun de leur côté les projets à la lisière du jazz, des musiques du monde et des musiques improvisées au sein de L’Itération des Ondes, Eyeha, Morse Attack et du combo de musique réunionnaise Seksion Maloya pour Gaëlle Bagot et aux côtés de Matraka Live : Selvático, de Candela Collectif et du collectif cubain Parisongo pour Juan Manuel Nieto.

Mais en parallèle, dès 2020, ils ont aussi patiemment échafaudé les contours de leur projet en duo sous le regard attentionné du violoncelliste Vincent Segal, leur mentor commun. Cinq années durant lesquelles Gaëlle Bagot et Juan Manuel Nieto ont appris à s’écouter, à s’apprivoiser pour fusionner leurs riches univers respectifs et délivrer ce premier album aussi foisonnant que singulier.

Jardin d’ailleurs, une balade onirique en terre inconnue

Jardin d’ailleurs ? Une chose est sûre, rarement un disque n’aura aussi bien porté son nom tant la partition délivrée par nos deux acolytes apaise les âmes comme une balade en forêt tout en se parant de mille et une nuances qu’un jardin peut endosser au fil des saisons…

Tout commence par un renversant Agüita qui, en dépit de son patronyme sud-américain, sonne comme une balade pastorale à travers la campagne anglaise.

Notre voyage se poursuit avec le plus l’introspectif et nostalgique Jeux d’ondes sur lequel chant, clarinette et piano se répondent superbement.

D’ailleurs explore ensuite le territoire de la chanson française, armé d’un texte gorgé de saudade et d’un délicat entrelac de notes de piano. Mais ici, point de couplet-pont-refrain à l’horizon car cette vraie-fausse chanson française a tôt fait d’emprunter les sentiers de l’improvisation.

Après un I don’t wanna work qui flirte avec le jazz vocal et un Ouvre les yeux explorant les terres du maloya, deux superbes escales latino-américaines nous attendent.

Comme une échappée dans la pampa argentine, la cordillère des Andes sur la ligne d’horizon, Cordillera distille à grand renfort de piano et de voix aériennes des paysages d’une apaisante beauté. Puis, tout s’emballe quand le piano et la clarinette partent au petit trot sans crier gare dans de virtuoses improvisations. Une relecture sagace du patrimoine folklorique latino-américain.

Dans une veine plus urbaine, El Mono Loco flirte avec les harmonies tangueras de Buenos Aires, porté par les syncopes vocales du beatboxer Oxyjinn et l’archet du violoncelliste Simon Lannoy qui apportent à ce titre des textures surprenantes. Et vous n’êtes pas au bout de vos surprises, tant ce titre emprunte peu à peu des chemins inattendus au fil de polyphonies vocales ciselées et d’une partition musicale qui alterne avec habileté moments de grâce et de tension.

Avec Jardin d’ailleurs, Gaëlle Bagot et Juan Manuel Nieto signent un premier album de haute volée qui conjugue en son sein une infinité de sonorités.

Crédits photo principale : Gaëlle Bagot et Juan Manuel Nieto © Samuël Berthet 

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FICHE ALBUM

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