L’histoire de ce nouveau roman de Rosario Villajos s’échafaude autour du personnage de Catalina, une adolescente de 16 ans qui se trouve en bordure d’une route passante sans savoir quoi faire. Elle a soudainement quitté la maison de sa meilleure amie, située en périphérie de la ville, suite à un désagréable incident avec son père. Catalina comprend que, face au va-et-vient des véhicules, le seul moyen de rentrer à la maison sera pour elle de faire du stop. Cependant, comme toute jeune fille de son âge, elle a peur de monter dans le véhicule d’un inconnu, plus encore après l’heure du couvre-feu instaurée par ses parents.
Par un clin d’œil évident à L’éducation sentimentale de Flaubert, roman centré sur les pensées et les obsessions d’un jeune homme dans le Paris du milieu du XIXe siècle, L’éducation physique se déroule sur une période de quatre heures seulement, au fil desquelles Catalina doit faire un trajet en auto-stop d’à peine vingt minutes. Mais un trajet qui lui permettra aussi d’aller et de venir à travers le temps, revivant plusieurs épisodes de sa vie qui l’ont marquée profondément.
Avec L’éducation physique, Rosario Villajos, tisse le portrait sensible et intime d’une jeune adolescente des années 90, une époque où les femmes souffraient souvent du stigmate de la culpabilité et étaient jugées par leur façon de s’habiller ou de se comporter. La romancière réussit à mettre le lecteur dans la peau de cette jeune fille en lutte contre une société arriérée et débordante de préjugés. Elle recrée ainsi une décennie pas si lointaine où l’on écoutait la musique de Nirvana, se promenait avec un walkman dans la rue et où Twin Peaks et Laura Palmer faisaient un tabac à la télé.

« Elle voudrait crier au monde entier qu’elle déteste être née dans ce corps auquel on ne permet de rien faire. Peut-être qu’elle ne le dit pas parce qu’elle craint de lasser, ou de ne pas être comprise, ou de ne plus être aimée avec toutes ses bizarreries. Elle préfère être vue comme une méchante fille que comme une bête curieuse. Curieuse parce qu’on n’a pas toléré qu’elle soit dans un autre état d’esprit, qu’elle ait d’autres désirs et initiatives, comme pour les femmes mortelles dans la mythologie classique. «
Crédit Photo : Portrait Rosario Villajos © Iván Giménez
INFOS ÉDITEUR

- Titre original : La educación física
- Auteur : Rosario Villajos
- Langue originale : Espagnol (Espagne)
- Traduit par : Nathalie Serny
- Publication : septembre 2025
- Éditeur : Editions Métailié
- Pages : 256