Mexica, des dons et des dieux au Templo Mayor

Le mythique temple livre ses secrets...

Olla Tláloc © D.R. Secretaría de Cultura-INAH-MEX. Museo del Templo Mayor

Après la spectaculaire exposition Les Olmèques et les cultures du golfe du Mexique, le musée du Quai Branly – Jacques Chirac nous invite à plonger de nouveau dans l’Histoire des civilisations précolombiennes avec Mexica, des dons et des dieux, une exposition unique fruit de cinquante de de recherches sur le site de l’ancienne cité de Tenochtitlan, capitale de la civilisation Mexica, et de son enceinte sacrée, le Templo Mayor. 


Il y a cinquante ans à Mexico…

En 1978 à Mexico, des terrassiers de la Compagnie d’électricité exhument par le plus grand des hasards un immense disque de pierre figurant Coyolxauhqui, la déesse de la lune.

Monolithe de Coyolxauhqui, Templo Mayor de Tenochtitlan © Wikimedia Commons

Cette découverte inaugurale préfigure un demi-siècle de fouilles archéologiques d’une ampleur considérable…

Des fouilles qui permettront de saisir pleinement toute l’importance de l’art, de l’architecture et des rituels au sein de l’Empire Mexica (1325-1521).

L’empire Mexica ?

À la terminologie de plus en plus contestée d’Aztèque, la musée du Quai Branly – Jacques Chirac a préféré celle de Mexica qui s’impose dans le monde scientifique depuis plusieurs années déjà. Au terme Aztèque, créé par des explorateurs au XIXe siècle, on préfère désormais celui de Mexica, qui semble bien plus juste historiquement.

Ainsi, lorsque Hernan Cortés et ses 600 hommes débarquent en 1519 aux portes de la vaste cité de 200 000 âmes qu’est Tenochtitlan, c’est bien le peuple Mexica qu’il rencontre et c’est leur puissant empire qu’il renversera deux ans plus tard, aidé par un grand nombre d’alliés autochtones et de redoutables épidémies de variole qui ravageront littéralement sa population.

Modélisation 3D de Tenochtitlan © Thomas Kole

Comme la quasi-totalité de la ville, le Templo Mayor a été détruit par les espagnols et sa localisation précise s’est perdue dans le tumulte de l’Histoire… jusqu’à ce beau jour de 1978 qui a progressivement permis l’excavation du temple et de 14 bâtiments adjacents sur une surface de plus de 3 500 m2 ainsi que la création du musée du Templo Mayor, qui renferme tous ses trésors.

Ces cinquante dernières années, ce sont ainsi des centaines d’offrandes qui ont été retrouvées. Des offrandes qui traduisent toute l’importance que revêtaient les divinités dans la vie quotidienne des Mexicas. Pour ainsi dire, il y avait des dieux pour quasiment tout et ceux-ci étaient scrupuleusement honorés…

Au fil de 7 sections rassemblant plus de 500 pièces, l’exposition Mexica, des dons et des dieux au Templo Mayor permet ainsi de mieux saisir l’essence de cette civilisation, notamment à travers ces offrandes révélatrices du pouvoir politique et économique que cet empire exerçait alors et dont l’influence s’étendait de l’Atlantique au Pacifique et de l’ouest du Mexique à la frontière actuelle du Guatemala.

Le parcours de l’exposition

Suite à une courte vidéo sur l’essor de l’empire Mexica, vous vous retrouverez nez à nez avec un cuauhxicalli, une sculpture massive en forme d’aigle qui permettait de recueillir le cœur et le sang des humains sacrifiés dans le temple. Un récipient cérémoniel particulièrement impressionnant…

Aguila cuauhxicalli © D.R. Secretaria de Cultura INAH-MEX. Museo del Templo Mayor

Dans cette même salle, ne manquez pas le magnifique porte étendard Centzonhuitznahua, qui devait originellement se situer en haut d’un temple, un disque solaire, symbole de Tonatiuh, à la symbolique particulièrement intéressante, ainsi qu’une foule d’objets du quotidien, vases, plats, lames, pointes et des instruments de musique, tambours, sifflets et flûtes…

Au fond de la salle, ne passez pas à côté de cette statue de femme divinisée morte pendant l’accouchement, Cihuateteotl. Dans la mythologie mexica, la mort en couches était considérée comme une mort au combat et ses victimes étaient honorées comme telles.

Au centre, porte étendard Centzonhuitznahua, à gauche, disque solaire © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

La seconde salle s’intéresse quant à elle à la vision mexica du monde, une vision dense et complexe dans laquelle les dieux occupent une place centrale. Une animation vidéo nous plonge dans les fondements de la cosmogonie mexica et décrypte ses calendriers, le calendrier solaire de 365 jours, mais aussi et surtout le calendrier rituel de 260 jours, au caractère divinatoire. Des calendriers qui s’alignaient tous les 52 ans, ce qui déclenchait alors l’impressionnante cérémonie du feu nouveau, visant à empêcher l’effondrement du monde…

animation vidéo de la cosmogonie mexica © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

Poursuivez ensuite votre parcours jusqu’à la salle des effigies divines. Chez les Mexicas, dieux et déesses étaient littéralement partout, dans les maisons, les temples, sur les places, à la croisée des chemins, dans des grottes, autour de sources d’eau, partout où des offrandes étaient susceptibles d’être faites…

Mictlantecuhtli © Michel Zabe. D.R. Secretaria de Cultura INAH MEX

Dans cette salle, vous pourrez admirer des statues de Tlaloc (dieu de la pluie), de Huehueteotl-Tlaloc (dieu du feu), de Xipe-Totec (dieu du renouveau), d’Ehecatl (dieu du vent) mais aussi d’impressionnants crânes humains en pierre ainsi que des statues d’animaux, grenouilles, salamandres, jaguars, ceux-ci étant considérés par les Mexicas comme des manifestations des dieux.

Enfin, vous ne pouvez pas la manquer… La monumentale statue de Mictlantecuhtli, le seigneur du domaine de la mort, armée de ses griffes et ornée à son âge d’or de cheveux frisés est l’une des pièces les plus saisissantes de l’exposition…

La suite de la visite se recentre sur les offrandes exhumées dans l’enceinte sacrée de Tenochtitlan. Pour vous mettre dans l’ambiance, un long couloir aux murs rouges rassemble des instruments sacrificiels et du mobilier qui servait aux offrandes. De magnifiques braseros, brûle-parfums, épines et couteaux font ainsi face à une armée d’autels sacrificiels particulièrement impressionnants…

Autels sacrificiels © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

Vous débouchez ensuite sur la plus vaste salle de l’exposition, entièrement dévolue aux offrandes, avec le Templo Mayor en toile de fond.

Salle des offrandes © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

Sous vos yeux, des offrandes par dizaines. Des marmites, des braseros, des pots, des tambours, des flûtes, des coquillages, mais aussi des squelettes de loup ou d’aigles superbement décorés. Au fond de la salle, des sacrifices humains avec ce squelette d’enfant sacrifié au dieu de la pluie ou ces crânes perforés de captifs de guerre.

Comme offrandes, des reliques olmèques, mayas et toltèques ont aussi été retrouvées dans l’enceinte sacrée de Tenochtitlan. Comment cela est-il possible ? Sachez que les Mexicas fouillaient régulièrement les ruines de Teotihuacan, Xochicalco et Tula. Les reliques exhumées étaient alors réutilisées comme offrandes après avoir été repeintes ou polies.

Squelette de loup, anneau de nez et ornements d’oreilles, Zone archéologique du Templo Mayor, Mexico, Mexique © Mirsa Islas / Proyecto Templo Mayor, D. R. Secretaría de Cultura–INAH–MEX
Masque olmeque © Jorge Pérez de Lara. D.R. Secretaría de Cultura-INAH-MEX

Après une courte vidéo relatant la chute de l’empire Mexica et sa colonisation par les espagnols, l’exposition s’achève sur une salle consacrée aux formes actuelles que peuvent revêtir les offrandes. Celles-ci n’ont pas disparues et peuvent même encore jouer un rôle central au sein de certaines communautés !

Vue de l’exposition Mexica © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Léo Delafontaine

Autour de l’exposition

Des visites contées en famille, des ateliers d’archéologie pour les enfants, des conférences, des colloques, des projections de documentaires, des performances, des concerts, une soirée événementielle, tout au long de l’exposition, une myriade d’activités vous sont proposées. Vous pouvez retrouver le détail de toutes ces activités via ce lien !

Notez également dans votre agenda deux week-end exceptionnels au cours desquels le musée vous invite à découvrir la culture náhuatl à travers des artistes, des performeurs et des musiciens qui proposent de nouveaux rituels et une relecture contemporaine de l’héritage de l’empire mexica par le langage et l’expression corporelle.

Ainsi, le week-end du 8 et 9 juin, vous pourrez assister sur la scène du Théâtre Claude Lévi-Strauss au concert de Zeiba Kuicani Y La Mala Mata qui distille un rap instrumental puisant son inspiration dans la poésie et les luttes ouvrières du Mexique contemporain.

La Mala Mata En Tlaxcala (2023)

Le week-end du 15 et 16 juin, vous pourrez découvrir Los Cogelones, un groupe qui s’évertue à préserver les cultures autochtones par le biais des musiques actuelles. Sur scène, Los Cogelones mêle batterie, guitare et basse aux instruments de leurs ancêtres mexicas et chantent tout aussi bien en espagnol qu’en langue nahuatl.

Los Cogelones on Audiotree Live (2023)

Des concerts qui seront précédés par des performances de Karloz ATL, Carlos Cruz et Lukas Avendano dans le jardin, au sein de l’exposition Mexica et dans le théâtre de verdure.

Retrouvez tous les détails de ces deux grands week-end de festivités via ce lien !

Crédits photo principale : Olla Tláloc © D.R. Secretaría de Cultura-INAH-MEX. Museo del Templo Mayor


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche expo Mexica, des dons et des dieux au Templo Mayor (2024)
  • TITRE : Mexica, des dons et des dieux au Templo Mayor
  • LIEU : 37 Quai Branly 75007 Paris
  • HORAIRES : du mardi au dimanche de 10h30 à 19h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h.
  • DATES : Jusqu’au 6 octobre 2024
  • TARIF : 0-14 €
  • RENSEIGNEMENTS : www.quaibranly.fr
  • TÉLÉPHONE : 01 56 61 70 00 

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