Mambo ! d’Yma Sumac, un album qui défie le temps

Un oeuvre culte qui traverse les générations

Mambo ! d'Yma Sumac, Capitol Records (1954)

Une diva péruvienne au sommet

À la sortie de Mambo ! en 1954, Yma Sumac est déjà une star au nord comme au sud de l’Amérique. Son premier album, Voices of the Xtabay, paru quatre ans plus tôt aux États-Unis sur Capitol Records, l’a consacrée comme la reine incontestée de l’exotica. Broadway et Hollywood se l’arrachent et le Rossignol des Andes est au faîte de sa popularité.

À cette même époque, Pérez Prado, Tito Puente et Tito Rodríguez enflamment chaque soir les meilleurs clubs de la Grosse Pomme et le mambo, la rumba et le cha-cha-cha commencent peu à peu à infuser l’ensemble des productions nord-américaines. De Frank Sinatra à Dean Martin, de Perry Como à Ben E King, toutes les stars de l’époque s’y essaieront.

Mambo italiano de Dean Martin (1954)

Opportunisme ou idée de génie ?

Qui a bien pu avoir l’idée de faire enregistrer à Yma Sumac un album entièrement dédié aux rythmes afro-cubains ? La chanteuse elle-même ? Son producteur, Les Baxter, pionnier du mouvement exotica ? Son mari, le compositeur Moisés Vivanco, qui accompagne également sa destinée d’artiste depuis la fin des années 30 ? Ou encore les grosses huiles de Capitol Records, appâtés par les gains substantiels que pourrait bien générer une telle opération ?

Difficile de répondre à cette question de façon tranchée même si, très objectivement, Mambo ! sent tout de même le coup marketing à plein nez…

Ironie du sort, sans être un échec commercial cuisant, ce quatrième opus de la diva péruvienne sur Capitol se vendra bien moins que ses prédécesseurs. Malgré tout, c’est bel et bien Mambo ! qui passera à la postérité et s’imposera auprès de plusieurs générations d’amateurs de musique comme un véritable objet de culte.

Finalement, faire enregistrer à Yma Sumac un album entièrement dédié aux rythmes afro-cubains était bel et bien une idée de génie…

Mambo ! Le disque culte d’Yma Sumac

Sous la houlette de Moisés Vivanco et de l’arrangeur Billy May, le Rico Mambo Orchestra déploie une partition extatique qui n’est pas sans rappeler les cavalcades les plus effrénées de Perez Prado. Débauche de cuivres rutilants, torrents de percussions acérées, le Rico Mambo Orchestra joue fort, à tombeau ouvert, mais sait aussi se montrer subtil quand entre en scène la diva.

La performance vocale d’Yma Sumac est quant à elle hallucinante. Se fondant dans ces rythmes afro-cubains dont elle apprivoise tout naturellement le versant chaloupé, elle déploie ses quatre octaves et demi de tessiture vocale avec une animalité sidérante. Grognements gutturaux, feulements d’animaux sauvages, vocalises mystiques s’échappant bien plus haut que le plus haut sommet de la cordillère des Andes, jamais les rythmes afro-cubains n’avaient été confrontés à un tel phénomène…

Près de 70 ans après sa sortie, Mambo ! est toujours un disque à part, une œuvre unique et d’une telle singularité qu’elle fascinera encore dans des décennies !

Mambo ! d’Yma Sumac – Capitol Records (1954)

FICHE ALBUM


POCHETTE YMA SUMAC MAMBO
Mambo ! d’Yma Sumac, Capitol Records (1954)
  • Titre : Mambo !
  • Artiste : Yma Sumac
  • Date de sortie : 1954
  • Label : Capitol Records

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