Luis de la Carrasca, Baró Drom

Le flamenco aux quatre vents

Photo Luis de la Carrasca © Lionel Degiovanni

Dépositaire d’un flamenco profondément incarné, Luis de La Carrasca est de retour avec Baró Drom, un nouvel album qui prend le relais de l’excellent Gharnata dont le foisonnement créatif nous avait tant séduit il y a trois ans. Un retour au premier plan sur disque, mais également sur scène avec un concert au Studio de l’Ermitage qui fera le bonheur de tous les amateurs de duende !    


Luis de la Carrasca ou la quête d’authenticité

Né en Andalousie, mais résidant en France depuis plus de trente ans, Luis de La Carrasca s’est longtemps illustré dans les arts vivants. Par le biais de Flamenco Vivo, sa propre compagnie, il a mis en scène au cours des dernières décennies de nombreuses adaptations flamenco de pièces de théâtre classique aux côtés de jeunes talents venus aussi bien d’Espagne que de France.

Rompu à l’exercice de la scène, un lieu où les faux-semblants ont tôt fait d’être mis à jour, le chanteur andalou a toujours porté en lui un profond désir d’authenticité. Le désir d’être fidèle à ses racines, celles de son Andalousie rurale où il s’initia très jeune au cante et endossa même un temps la profession de berger, mais aussi le désir de laisser librement s’exprimer sa créativité pour mieux explorer les lignes de fuite d’un flamenco ouvert à de multiples horizons.    

Un pied dans la tradition, l’autre dans la modernité, Baró Drom – le grand chemin pour les gitans de l’Inde – nous invite alors à embrasser le flamenco dans toute sa diversité. Une odyssée musicale aussi riche en aventures que celles du peuple gitan qui a voyagé au fil des siècles de la péninsule ibérique aux confins du Moyen-Orient.

EPK de Baró Drom de Luis de la Carrasca (2023)

Baró Drom, le flamenco aux quatre vents

Notre périple commence tambour battant avec Baró Drom, une rumba gitana enlevée à travers laquelle tout le duende de Luis de la Carrasca peut s’exprimer. D’une remarquable sobriété, le chanteur andalou s’affranchit d’emblée de tout excès de flamboyance ou de dramaturgie surjouée. Et si l’interprétation reste viscérale, elle n’en demeure pas moins lumineuse, davantage porteuse de vie et d’espoir que de lamentations.

Clip de Baró Drom de Luis de la Carrasca (2023)

D’une certaine façon, sa voix a les fragrances sauvages et primales de la terre fraîchement retournée. Une terre dans laquelle reposent nos ancêtres, mais une terre sur laquelle les plus belles fleurs ne cesseront jamais de pousser.

Viennent ensuite Cuéntamelo et Ella, deux compositions personnelles à la croisée du flamenco, du jazz et de la cancíon qui instillent elles aussi cet indicible sentiment de plénitude en dépit de l’âpreté du cante. Des compositions ponctuées de subtils solos de contrebasse, de piano et de guitare qui permettent d’apprécier tout le duende qui habite également les musiciens accompagnant Luis de la Carrasca sur ce projet.

Des musiciens qui ne manquent pas d’audace, comme en témoigne le renversant La fuerza del destino, qui remise pour un temps l’acoustique au placard pour mieux verser dans l’électro. Nappes de synthés organiques, infrabasses telluriques, effets démesurés… Où sommes-nous ? Difficile à dire… Peut-être à mi-chemin entre les productions radicales de Niño de Elche et les rêveries synthétiques de Goran Bregović sur Le temps des gitans

D’autres surprises nous attendent encore le long de ce grand chemin, comme l’extatique et virtuose Caminaban, qui fusionne avec brio guitares flamencas, instruments traditionnels indiens et mélopées arabo-andalouses.

Mais c’est dans ses moments les plus intimistes, quand Luis de la Carrasca prend le parti de mettre littéralement à nu son flamenco, que Baró Drom délivre tout son potentiel émotionnel.

Difficile alors de rester de marbre face à María de la O, une magnifique copla piano-voix qui vous serre instantanément le cœur ou sur le vibrant Buleria por Fiesta, un thème palmas-voix tout en clair-obscur qui clôt magistralement ce troisième album studio.

Un disque d’une rare diversité, superbement incarné, que vous pouvez commander ici ou écouter sur les différentes plateformes en attendant le concert du 13 avril prochain au Studio de l’Ermitage !

Un concert vivement recommandé tant il y a trois ans, Luis de la Carrasca et ses musiciens avaient offert au public parisien un spectacle d’une qualité exceptionnelle, l’un des meilleurs concerts flamenco auquel nous ayons pu assister ces dernières années.

Luis de la Carrasca sur scène
Luis de la Carrasca sur scène © Sébastien Toulorge

Rendez-vous ici pour réserver vos places pour ce concert de haute volée !


FICHE ALBUM


Viisuel album Baró Drom de Luis de la Carrasca (2023)

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