Le 14.07. Buena Vista Social Club de Wim Wenders

Le chef-d'oeuvre de Wim Wenders de retour sur grand écran.

Wim Wenders et Compay Segundo © Wim Wenders Stiftung 2014

Dans les rues de La Havane à l’arrière d’une Cadillac hors d’âge, Compay Segundo, cigare aux lèvres et panama vissé sur le crâne, demande aux badauds comment se rendre au Buena Vista Social Club. Le club a fermé depuis longtemps, mais les orchestres qui s’y sont succédés semblent avoir laissé un souvenir indélébile dans la mémoire de certains… Compay Segundo et ses comparses sont à la fois les acteurs et les derniers témoins de cette incroyable histoire…


BUENA VISTA SOCIAL CLUB OU LES HASARDS DE LA VIE

Heureux ou malheureux, la vie est une succession d’événements hasardeux… Paradoxe ultime, c’est parfois même des pires situations que peut jaillir la lumière. Telle est l’histoire du Buena Vista Social Club, un projet audacieux initié par le producteur britannique Nick Gold qui devait rassembler sur un même disque des légendes du son cubano et des musiciens africains. Une sombre affaire de visas non délivrés laissa les musiciens africains sur le carreau et les cubains durent alors enregistrer seuls…comme le dirait lui-même Nick Gold, the rest is history !

Heureux ou malheureux, la vie est une succession de hasards. Parfois, ceux-ci vous entraînent sur des chemins que vous n’auriez pas explorés nécessairement. C’est au cours de l’enregistrement de la bande-son de The End of Violence que Ry Cooder, à qui l’on devait déjà l’iconique bande son de Paris-Texas, évoque ces enregistrements qu’il vient tout juste d’effectuer à La Havane aux côtés de vétérans du son cubano. Nous sommes loin, très loin des brûlots post-punk de Nick Cave captés dans Les ailes du désir ou de la slide guitar éthérée de Paris-Texas, mais qu’importe, la curiosité du réalisateur est piquée au vif et il embarque deux ans plus tard pour La Havane filmer ces incroyables musiciens.

Compay Segundo et Ry Cooder
Compay Segundo et Ry Cooder © Wim Wenders Stiftung 2014

AU-DELÀ DU DOCUMENTAIRE MUSICAL

Plus qu’un documentaire musical, Buena Vista Social Club est un objet cinématographique à part entière dans lequel Wim Wenders met son immense talent au service de ses protagonistes et de leurs histoires respectives.

Espiègle, sa caméra virevolte d’un musicien à l’autre, au gré d’un bon mot, d’une anecdote ou d’un simple échange de regards qui en dit pourtant long…

Virtuose, elle s’immisce au cœur des sessions d’enregistrement du premier album d’Ibrahim Ferrer et en ramène de petits moments d’éternité, comme ce duo Ibrahim Ferrer – Omara Portuondo où le temps semble littéralement suspendre son vol.

Omara Portuondo et Ibrahim Ferrer © Wim Wenders Stiftung 2014

Aguerrie, elle fait des rues de La Havane un perpétuel enchantement, servie par une photographie que le réalisateur allemand élève une fois de plus au rang d’art.

Intimiste, elle sait aussi se faire oublier pour recueillir la parole de ces musiciens que le tourbillon de la vie n’a pas toujours épargné.

Les anecdotes truculentes s’enchaînent, menées tambour battant par un Compay Segundo goguenard qui nous donne la recette de son remède anti-gueule de bois ou nous raconte comment il allumait les cigares de sa grand-mère alors qu’il n’avait que cinq ans.

LA MUSIQUE, TOUJOURS LA MUSIQUE…

Mais c’est la musique qui est au cœur de toutes les attentions du réalisateur allemand, captée en live lors de leurs premiers concerts à Amsterdam et au Carnegie Hall à New-York, aux studios Egrem, dans une chambre, dans une rue, dans le vaste hall de l’école de musique de Cienfuegos, en bord de mer, absolument partout…

Omara Portuondo, Elíades Ochoa, Compay Segundo, Rubén González, Cachaïto, Manuel Mirabal, Juan de Marcos, les portraits s’enchaînent, passionnants, et lèvent le voile sur cet âge d’or de la musique cubaine dont ils étaient alors les derniers représentants. Pour tout amateur de musique cubaine, cette séquence où Rubén Gonzales sort des photos d’Arsenio Rodríguez et raconte ses quatre années passées à jouer à ses côtés n’a pas de prix. Sur la photo du groupe, « presque tous sont morts » raconte-t-il… « Sauf, celui-là, il a presque cent ans… » finira-t-il par ajouter.

La musique du Buena Vista Social Club est un monument hors du temps. Le documentaire de Wim Wenders l’est tout autant et l’opportunité de le (re)découvrir sur grand écran est une bénédiction.

https://www.youtube.com/watch?v=GajRJwloroI

FICHE DU FILM


Affiche du film Buena Vista Social Club
  • Titre original : Buena Vista Social Club
  • De : Wim Wenders
  • Avec : Omara Portuondo, Elíades Ochoa, Compay Segundo, Rubén González, Cachaïto, Manuel Mirabal, Juan de Marcos, Ry Cooder…
  • Date de sortie : 14 juillet 2021
  • Durée : 1h 45 min
  • Distributeur : Acacias Films

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