Le 03.05. Un an, une nuit d’Isaki Lacuesta

Le récit poignant d’un couple face à la barbarie

Un an, une nuit / © Studio Canal

Inspiré de Paix, amour et death metal (2018) de l’espagnol Ramón González, l’un des survivants du Bataclan, Un an, une nuit est un film coup de poing qui revient sur cette nuit du 13 novembre 2015 qui a marqué à jamais les esprits. Loin d’une reconstitution de cette soirée fatidique où plus d’un millier de personnes ont vécu l’enfer à l’intérieur de la salle de spectacles, Isaki Lacuesta aborde avec une grande humanité le quotidien d’un couple des rescapés qui essaie tant bien que mal d’aller de l’avant.


Deux façons de vivre le traumatisme

Le film débute avec les images d’un bus parisien. À l’intérieur, des survivants du Bataclan enveloppés dans de couverture de survie, le regard perdu dans le vide. Paris s’éveille, mais à mille lieux de la poésie de la chanson de Jacques Dutronc. Quelque chose a été à jamais brisé et un rideau de plomb s’abat sur la ville qui a brutalement perdu son insouciance. À la lumière diaphane de l’aube, tout semble cru, insoutenable.

Celine et Ramón, interprétés respectivement par Noémie Merlant et Nahuel Pérez Biscayart, arrivent chez eux, mais après ce qu’ils viennent de vivre, comment reprendre le fil du quotidien ? Tandis que Céline tente pour tous les moyens d’oublier l’attaque terroriste et de continuer sa vie comme si de rien n’était, Ramón n’y parvient pas, se repassant les évènements en boucle dans la tête comme pour essayer de comprendre…Petit à petit, un fossé se creuse entre les deux.

« Le film s’attache essentiellement à un couple qui s’aime et qui, en arrivant à un concert, espère construire une vie à deux, mais qui, en repartant, est totalement déphasé. Car ils ont vécu l’attentat et ses conséquences très différemment. D’une certaine manière, à partir de là, ils évoluent dans deux espace-temps distincts, mais concomitants. Après avoir survécu aux attaques, le couple doit affronter un nouvel ennemi : son passé traumatique », explique le réalisateur.

Image du film Un an, une nuit d’Isaki Lacuesta © Studiocanal (2023)

Un couple de haut vol

Pour incarner ce couple de rescapés, Isaki Lacuesta a fait appel à deux acteurs extraordinaires, Nahuel Pérez Biscayart et Noémie Merlant, qui insufflent à leurs personnages respectifs une authenticité de tous les instants.  « Nahuel Pérez Biscayart et Noémie Merlant étaient les acteurs avec qui je rêvais de travailler et nous avons écrit le scénario avec leurs noms en tête. Ils savent tous deux capter l’attention du spectateur en suscitant son empathie et font preuve d’une grande précision dans leur jeu en exprimant leurs émotions avec nuance et subtilité. Pour autant, quand on les voit à l’écran, on a le sentiment qu’ils improvisent et qu’ils ne jouent pas. »

Image du film Un an, une nuit d’Isaki Lacuesta © Studiocanal (2023)

Un an, une nuit est le récit poignant d’une histoire d’amour entre deux être à la dérive, mais aussi une exploration profonde et intime sur les blessures invisibles, celles qui réveillent nos peurs et nos angoisses et qui finissent même par conditionner notre propre mémoire. Dans ce film, Isaki Lacuesta montre qu’au final, il n’y a pas de méthode idoine pour surmonter le traumatisme. Chacun cherche comme il le peut la meilleure façon possible de s’en sortir et de renouer avec la vie.

Bande-annonce de Un an, une nuit d’Isaki Lacuesta (2023)

Crédits photos : Studiocanal (photo de couverture)


FICHE DU FILM


Affiche du film Un an, une nuit d’Isaki Lacuesta (2023)
  • Titre original : Un an, une nuit
  • De : Isaki Lacuesta
  • Avec : Noémie Merlant, Nahuel Pérez Biscayart, Quim Gutiérrez
  • Date de sortie : 5 mai 2023
  • Durée : 2h 10 min
  • Distributeur : Studiocanal
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