Graciela Iturbide. Heliotropo 37.

La grande dame de la photographie mexicaine

Autoportrait, Graciela Iturbide, desierto de Sonora / © Graciela Iturbide

Quelle meilleure manière de découvrir l’univers d’un artiste que de se plonger dans son atelier ? La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première rétrospective consacrée à l’œuvre de l’extraordinaire photographe mexicaine Graciela Iturbide. Pour l’occasion, elle a ouvert les portes de son atelier situé au 37 de la rue Heliotropo à Mexico, un atelier imaginé et conçu par l’architecte Mauricio Rocha, qui signe également la scénographie de l’exposition.


L’atelier de Graciela Iturbide

À quelques encablures de la Casa azul de Frida Kahlo, niché en plein cœur du quartier du Coyoacán, se trouve l’atelier de Graciela Iturbide, une légende vivante de la photographie. Le bâtiment, tout en brique rouge, a été conçu par son fils, le talentueux architecte Mauricio Rocha, à la demande de la photographe qui souhaitait un lieu lui permettant à la fois de travailler et se recueillir à l’abri des regards.

Avec une série de photos réalisées par l’artiste Pablo López Luz, la Fondation Cartier pour l’art contemporain a souhaité nous faire visiter l’atelier d’Iturbide. L’occasion de découvrir ce lieu singulier où les négatifs historiques de la grande dame de la photographie reposent entourés d’œuvres d’art populaire mexicaines, de livres de photographie et de cactus aux formes capricieuses.

La niña del peine, Juchitán, Oaxaca,1979 – Tirage gélatino-argentique © Graciela Iturbide

La photographie pour échapper à la mort

Après la mort tragique de sa fille Claudia à l’âge de six ans, Graciela Iturbide décide de se consacrer à part entière à la photographie. Pendant longtemps, cette artiste issue d’une famille bourgeoise entretiendra une relation obsessionnelle avec la mort. Elle s’est mise à parcourir sans relâche les villages du Mexique. Elle photographie alors les rituels mortuaires, les décors funéraires, mais aussi et surtout, les cercueils d’enfants, appelés au Mexique les « petits anges ».

« Lorsque j’ai perdu ma fille Claudia en 1970, j’ai été obsédée par la nécessité de photographier la mort, surtout celles des enfants habillés en anges, comme le veut la coutume au Mexique, peut-être pour soulager ma propre peine. »

Et puis un jour, le déclic se produit. Elle comprend soudain qu’elle doit cesser cette quête morbide et aller de l’avant, toujours avec sa caméra en bandoulière.

Comme son maître Manuel Álvarez Bravo, avec lequel elle s’est initiée à la photographie dans les années 70, Graciela Iturbide puisera son inspiration dans la culture préhispanique et les arts populaires qu’elle affectionne tout particulièrement.

Mujer zapoteca, Tonalá, Oaxaca 1974 – Tirage gélatino-argentique © Graciela Iturbide

Un univers en noir et blanc

La puissance de l’univers en noir et blanc de Graciela Iturbide frappe le visiteur. Un univers étonnement lumineux traversé par des nuances de gris. Ce sont des images poétiques, mais profondément ancrées dans le réel. Des vols d’oiseaux sur un ciel limpide, des câbles électriques qui se détachent, des poissons argentés scintillant à même le sol, des cactus sous le soleil implacable… Et parfois, l’ombre de la photographe que l’on devine dans un coin, comme un clin d’œil au spectateur.

L’exposition présente un grand nombre de portraits de personnes qu’elle rencontre au hasard, mais aussi des photographies d’objets qui la surprennent au cours de ses nombreuses pérégrinations au Mexique ou pendant ses nombreux voyages de par le monde, en Espagne, en Allemagne, au Japon, en Équateur, en Inde, aux États-Unis…

À noter les séries emblématiques de Los que Viven en la arena [ceux qui habitent dans le sable] (1978), réalisées dans le désert de Sonora, au nord-ouest du pays. Autre point d’orgue, Juchitán de las mujeres (1979-1989), une étude dédiée aux femmes et à la culture zapotèque dans la vallée d’Oaxaca, ou encore la série White Fence Gang (1986-1989), réalisée aux côtés des cholos, des gangs d’origine mexicaine vivant à Los Angeles et à Tijuana.

Une fois n’est pas coutume, vous retrouverez également dans cette exposition une série en couleur réalisée spécialement pour l’occasion !

Crédits photos : Autoportrait, desierto de Sonora, Mexico, 1979 – Tirage gélatino-argentique © Graciela Iturbide (photo de couverture)


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche de l’exposition Graciela Iturbide. Heliotropo 37
  • TITRE : Gracila Iturbide. Heliotropo 37
  • ADRESSE : 261, bd Raspail 75014 Paris
  • HORAIRES D’OUVERTURE : tous les jours de 11h à 20h sauf le lundi.
  • DATES : du 12 février au 29 mai 2022
  • TARIF : 11 € – 7.50 €
  • RENSEIGNEMENTS : www.fondationcartier.com
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