Chéri Samba, dans la collection Jean Pigozzi

Le « peintre-journaliste » du Congo

Chéri Samba L'Agriculteur sans cerveau, 1990 © Chéri Samba / Photo : Maurice Aeschimann

Après son passage à la Fondation Cartier en 2004, l’artiste congolais Chéri Samba investit le musée Maillol avec une rétrospective monographique couvrant quarante ans de création. Vous découvrirez ainsi sur place une cinquantaine d’œuvres appartenant à la collection Jean Pigozzi, l’une des plus importantes collections d’art contemporain africain au monde. Une belle rétrospective pour cet artiste aussi provocateur que singulier .


Le parcours d’exception d’un peintre autodidacte

On ne peut réellement saisir toute l’étendue de l’œuvre de cet artiste sans comprendre ce qu’est la « peinture populaire » congolaise. En effet, Chéri Samba est l’une des principales figures de ce mouvement artistique né dans les années 70 et qui prône un art urbain inspiré de la culture africaine. Un art qui s’adresse au peuple et qui s’intéresse à des sujets d’actualité variés tels que le racisme, la mémoire de l’esclavage et du colonialisme, la pauvreté, le phénomène des enfants-soldats, l’impérialisme américain ou la corruption.

À seulement 16 ans, Chéri Samba quitte l’école pour s’installer dans l’effervescente Kinshasa. Là, il devient peintre d’enseignes publicitaires tout en se consacrant également à la création de bandes dessinées. En 1975, il ouvre son premier atelier et ses peintures figuratives aux couleurs flamboyantes marquent rapidement les esprits. Dans la plupart de ses toiles, il se met en scène et se sert de textes en lingala, en kikongo et en français pour transmettre des messages et interpeller les passants. Un procédé que l’artiste appelle « griffe sambaïenne » et ses tableaux, « des peintures à bulles ».

Photo du tableau Quel avenir pour notre art ? de Chéri Samba
Chéri Samba Quel avenir pour notre art?, 1997 (Triptyque 1) © Chéri Samba / Photo : Maurice Aeschimann Courtesy The Jean Pigozzi African Art Collection

Le succès ne se fait pas attendre. Il participe alors à des expositions à Kinshasa au Congo puis, dès 1982, en France. Cette date spécifique sera un tournant important dans sa carrière car elle marquera le début de son rayonnement international. « Je suis devenu universel » aime-t-il dire avec fierté.

Une peinture à message

Avec la couleur, le message est la principale signature de la peinture de Chéri Samba. Dans la plupart de ses tableaux, l’artiste recourt à l’humour, un humour le plus souvent acéré qui dénonce ou attire l’attention du public sur une situation bien précise. Pour cette exposition, le musée Maillol aborde diverses thématiques : l’autoportrait comme usage du monde, la femme multiple, Kinshasa, le Congo et l’Afrique, la Géopolitique et l’Histoire de l’art revue et corrigée.

Chéri Samba J’aime la couleur, 2003 © ã Chéri Samba / Photo : Maurice Aeschimann Courtesy The Jean Pigozzi African Art Collection

Vous découvrirez des œuvres parmi les plus célèbres de l’artiste comme « J’aime la couleur » (2003) où il représente son visage en forme de spirale avec un pinceau dans la bouche sur fond de ciel bleu. Un tableau qui revendique un hommage à la peinture ainsi qu’une affirmation de l’homme de couleur. Ou encore, « Quel avenir pour notre art ? » (1997), un triptyque utilisant de nombreux commentaires écrits et dans lequel il se représente au centre en compagnie de Picasso. Une toile à travers laquelle Chéri Samba s’interroge sur la faible représentation des artistes africains vivants dans les musées occidentaux.

Crédits photo principale : Evelyn – La Palmera, Santiago. Série Manzana de Adán, 1982-1987. Tirage cibachrone de 2015, 26 x 39.3 cm. Collection privée, Paris.


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche de l’exposition Chéri Samba, dans la collection Pigozzi (2023)
  • TITRE : Chéri Samba, dans la collection Jean Pigozzi
  • LIEU : Musée Maillol
  • ADRESSE :  61, rue de Grenelle 75007 Paris
  • HORAIRES : tous les jours de 10h30 à 18h00 et le mercredi jusqu’à 22h
  • DATES : jusqu’au 7 avril 2024
  • ENTRÉE :  14.50 – 16.50 €
  • RENSEIGNEMENTS : Musée Maillol
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